"Do you know what you are doing?"
"I don't. I never did"
Voilà une ligne qui m'a beaucoup touché dans le film, toujours somptueusement tourné de l'oeil d'Ed Lachman et sous la direction toujours habile de Todd Haynes, Carol.
La première est une amie qui pose sa question à Carol, une femme de 46, qui elle, tombe doucement amoureuse d'une jeune femme de 31 ans.
Ce n'est pas la nature de la question qui m'a touché, mais les mots, au sens large, qui selon moi, s'appliquent à la vie en général.
On ne sait jamais de quoi la prochaine journée sera faite. Ou si peu. On s'attend à des choses, on planifie, on se prépare, on s'organise, on se blinde contre des vents contraires, mais on reste toujours l'enfant que nous avons été face à d'intangibles variables.
Avec un brin de maturité, d'expérience, de dosage d'énergie, de patience et de sagesse, mais on est toujours l'enfant qu'on a été avec des pelures de ci et de cela, amenées par le temps.
Ce n'est pas une révélation stupéfiante, mais ça m'a joué dans la tête toute la semaine dernière. Un animateur, dont j'estime beaucoup la structure de pensée, disait à la radio en début de semaine dernière, en parlant d'un livre ou d'un film: "...Il espère devenir quelqu'un d'autre, une fois adulte, mais ça n'arrive jamais, on reste toujours l'enfant qu'on a été..." et il l'a dit avec une assurance empirique. Et j'ai toujours inconsciemment pensé la même chose.
Très naturellement, et ce depuis l'adolescence jusqu'à nos jours, j'ai souvent tenté de deviner le type d'enfant qu'avait été tel ou untel. En ne vérifiant jamais, mais en pensant que je me trompais probablement peu sur l'enfant passé que je devinais en l'adulte présent.
Encore la semaine dernière, je ne voyais pas Pierre-Karl Péladeau, 54 ans. Je voyais en conférence de presse, Pierre-Karl Péladeau, enfant, repentant sur le fait qu'il avait fait de mauvais choix. 11 mois chez Hydro-Québec, moins d'un an marié à Julie, moins d'un an chef du PQ...voilà une instabilité commune à l'adolescence.
Au secondaire, je projetais la dynamique des gens sur place dans la société du futur. Aujourd'hui en somme. Et je me suis peu trompé. Ceux que je voyais leaders le sont restés, ceux que je voyais patrons, le sont devenus. ceux que je voyais moutons le sont, les lâches le sont toujours, la graine de vermine se cache, est en tôle ou tout simplement à la tombe, et je suis toujours celui qui réussit à se mêler à tous et chacun, le caméléon, amis des intellos comme des plus modestes, mais en restant imposteur observateur et souvent rien de plus, un peu partout. Espion de la vie. Errant rêveur.
L'enfant n'est jamais très loin dans la mécanique de l'adulte. Il refait surface de temps à autre et fait tomber les pelures quand elles commencent à s'échancrer. L'inépuisable succès de Star Wars le démontre bien. L'âge d'or le démontre aussi, les pelures sont tombées et nous redevenons peu à peu enfant.
Derrière chacun de nous, il y a l'enfant. Nous portons bien le costume de l'adulte, mais sous ce costume, se trouve notre âme, et les solides sentiers de notre âme sont ceux de nos 20 premières années. Parfois moins, parfois plus.
L'enfant est toujours tout près, caché dans la peau d'adulte. Et certains en ont même gardé les traits.
C'est le cas de la journaliste Marie Pier (pas de r ni de e) Cornellier de TVA que je peine toujours à prendre au sérieux car elle il me semble qu'elle ait entre 11 et 12 ans. Même chose pour Julie Marcoux à la même station.
C'est aussi le cas d'Alexandre Cloutier à qui les traits prêtent entre 18 et 22 ans.
Il en a pourtant 38.
Cloutier, Hivon ou Ouellet, comme nouveau chef du PQ, le premier a deux enfants en bas de 5 ans, la seconde, une de 8 et une autre de 4, la dernière, deux enfants aussi. Probablement ados ou pré-ados.
Savez vous ce que vous faites?
Probablement pas.
Et c'est normal.
Nous sommes tous l'enfant de nos mères.
Merci mamans du monde entier.
Merci de nous avoir fait ce que nous sommes.
On vous adore.
Vous ne saviez pas ce que vous faisiez non plus.
Et vous êtes merveilleuses pour ça.
Bonne fête,