Tous les sujets liés au numérique sont traités dans ce projet, de la facilitation des dons par SMS au raccourcissement des délais avant le libre accès aux publications scientifiques de la recherche publique en passant par le reconnaissance des compétitions de jeux vidéo. S’agissant de ce dernier domaine, les sénateurs ont adopté un amendement permettant la création d’un contrat de travail spécifique aux joueurs professionnels de jeux vidéo qui s’inspire de celui utilisé dans le sport de haut niveau. Plutôt qu’avoir un contrat avec un autre intitulé de poste ou un statut d’entrepreneur, ils pourront désormais obtenir un statut de joueur professionnel salarié en acceptant un CDD dérogatoire d’un an minimum et de cinq ans maximum si l’amendement prospère.
Toujours en se concentrant sur la génération de profits via internet, les sénateurs ont également décidé d’encadrer l’activité de location de logements de particulier via des sites comme Airbnb. Pour éviter les sous-locations illégales, le Sénat a autorisé les communes de plus de 200.000 habitants à rendre obligatoire l’enregistrement de ce type de location. En parallèle, pour ceux qui auraient des revenus supérieurs à 5000 euros par an tirés de leur activité sur des plateformes en ligne de vente de particulier à particulier comme Le Bon Coin seront imposables à l’impôt sur le revenu et aux prélèvement sociaux.
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Faisant écho à la jurisprudence européenne en matière de cookies et de référencement, le Palais du Luxembourg a qualifié de pratique anticoncurrentielle le fait pour un moteur de recherche en position dominante de mettre en avant ses propres services dans la liste des résultats. Cet amendement a donc une portée répressive, qu’on retrouve dans la sanction d’un usage commercial de la liberté de panorama. Le CNN a noté de « réelles améliorations » en matière de loyauté des plateformes et d’ouverture des données publiques mais « s’inquiète d’un certain nombre de reculs » notamment s’agissant de la suppression par le Sénat de la possibilité pour des associations d’agir en justice pour défendre le domaine public. La navette parlementaire continuant, cet amendement sera peut-être battu en brèche. Et globalement, les modifications apportées par les Sénateurs visent à rendre la République numérique concrète et effective pour tous les citoyens. L’adaptation de la règlementation aux nouveaux usages économiques de l’internet par des particuliers semble pleinement engagée.
A propos de l'auteur : Antoine Chéron est avocat spécialisé en propriété intellectuelle et fondateur du cabinet ACBM.