Autrice : Nadia Coste
Plaisir de lecture :
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Chloé s’apprête à effectuer son entrée dans un établissement mixte. Ses notes moyennes et le budget familial ne lui permettent pas d’intégrer un lycée d’élite uniquement pour les Bleus. Alors qu’elle dégaine l’appli « Aura » à tout va pour scanner les personnes qui l’entourent, la première consigne de l’école est d’interdire son utilisation. Les premiers frissons parcourent sa peau quand elle se rend compte qu’elle est entourée de camarades… et même de professeurs rouges !
Il faut des actes pour marquer les esprits.
Les bébés naissent avec une aura blanche qui va très vite se colorer. En bleu pour les personnes gentilles et vertueuses, en rouge pour les méchantes et prédestinées aux crimes. Cela fait 40 ans maintenant que le docteur Peysson a réalisé que l’aura possédait une couleur même si elle est invisible à l’œil nu. Une bascule du bleu vers le rouge est possible et irrémédiable alors que l’inverse est irréalisable.
La discrimination n’a plu lieu par l’origine sociale ou géographique, ni par la couleur de peau, la religion, ni même encore par l’orientation sexuelle. L’association « Mon aura n’est pas âme » tente de se faire entendre dans une société qui placent les bleus comme supérieurs aux rouges.
Le monde entier est régi par cette couleur, la discrimination est absolue. Pour détecter l’aura, il existe des portails scanners et une application sur téléphone pour les particuliers.
Les thématiques soulevées rappellent la ségrégation raciale aux États-Unis dans les années 50, l’apartheid en Afrique à partir de 1948, les horreurs en temps de guerres et les interrogations actuelles concernant le terrorisme.
Chloé est une jeune fille certes un peu naïve mais qui sait remettre en question son environnement et sa personne. Elle me fait penser à Manon, la protagoniste d’Olivier Gay car les parents sont prêts à renier leur progéniture dans le cadre d’un changement majeur inacceptable aux yeux de la société.
Deux éléments ancrent le récit dans la réalité :
– les détails de l’univers sont assez discrets et l’autrice effectue ainsi un sans-faute, en évitant d’être à contretemps avec l’avancée technologique qui s’opérera durant ces prochaines années. Les personnes utilisent leur téléphone et des applis, ils peuvent se déplacer en bus (clin d’œil : dans le livre, il n’existe toujours pas de voiture volante).
– la justesse de la période adolescente avec les premiers émois et les hormones en ébullition. Les jeunes préfèrent se découvrir plutôt que de renverser le monde ; d’ailleurs, il est difficile pour eux d’agir avec leurs seuls propres moyens, sans l’intervention d’adultes.
Le style de Nadia Coste est une valeur sûre pour moi. J’ai apprécié de retrouver sa plume dans ce one shot addictif et composé de chapitres courts. Le futur et le scénario s’avèrent probables ; l’intrigue en est tout aussi intéressante.
La couverture de Séverin Millet est attractive, elle a bien fonctionné sur moi et s’avère en parfaite adéquation avec le contenu. La lecture est conseillée à partir de 13 ans.
« L’empire des auras » de Nadia Coste se déroule en 2059 où la couleur de l’aura détermine votre place dans la société. Chloé jusqu’alors persuadée de sa vision de la société est entrain de remettre en cause ses valeurs. Plume énergique, vivante et agréable à lire, l’autrice sait nous emmener dans un récit social futuriste des plus convaincants.
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Souvenir de lecture : Le thymus
Dans le chaudron :
Des adolescents « différents »
¤ Le noir est ma couleur d’Olivier Gay
¤ M.O.N.S.T.R.E. d’Hervé Jubert
Illustration : #1 Smokey eyes, #2 Warpaint par DestinyBlue.
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