La pucelle à Orléans (chapitre 3/3)
L'un des astrologues du roi, maître Rolland L'Ecrivain, observa dans le ciel l'Epi de la Vierge en l'ascendant, Vénus, Mercure et le Soleil au mi-ciel ; par quoi son compère Guillaume Barbin de Genève découvrit que sûrement les Anglais seraient chassés de France et le roi rétabli par le moyen d'une simple pucelle. Par ailleurs, avant la venue de Jeanne, un astronome de Sienne, Jean de Montalcin avait écrit au roi Charles : " Votre victoire sera dans le conseil d'une vierge ; poursuivez votre triomphe sans cesse jusqu'à la ville de Paris. " un autre vieux astronome, maître Pierre (de Saint-Valérien ?) passa pour avoir lu dans le ciel que la bergère de la Meuse était destinée à chasser les anglais.
Sur ces représentations, le roi consentit à accueillir Jeanne, introduite par le comte de Vendôme. Elle apparut robuste, le cou puissant et court, la poitrine ample, elle portait des braies comme les hommes. Sous un chaperon de laine, elle laissait voir des cheveux noirs coupés en sébile à la manière des varlets.
Elle alla droit au roi (âgé de 26 ans) et lui dit : " Dieu vous donne bonne vie, gentil dauphin. "
Le roi lui demanda son nom et ce qu'elle voulait. Elle répondit : " Gentil dauphin, j'ai nom Jeanne la Pucelle et vous mande le roi des cieux par moi que vous serez sacré et couronné à Reims et serez le lieutenant u Roi des cieux, qui est le roi de France. "
Le roi la tira à part et l'interrogea assez longtemps. Il était naturellement affable avec les humbles mais non sans défiances ni soupçons.
Pendant cet entretien, Jeanne le tutoya : " De la part de Messire, je te dis que tu es vrai héritier de France et fils de roi. " Le fils d'Isabeau doutait, disait-on, d'avoir du sang royal dans ses veines et était prêt à renoncer au royaume, comme à un bien usurpé. On assura qu'à cette révélation, son visage s'illumina de joie.
N.B : la reine Isabeau, sa mère, était traitée de " grande gorre " et d'Hérodiade gonflée d'impuretés par les prêcheurs Armagnacs.