On savait déjà que la cohésion à droite et au centre était délicate. Et nombreux sont ceux qui aimeraient bien s’en passer. En tous les cas Rama Yade, ancienne ministre sous Nicolas Sarkozy et personnalité politique préférée des Français en 2009, n’a pas choisi cette option. Il faut dire qu’elle n’avait aucune raison de s’y soumettre, étant sans mandat électoral et sans famille politique depuis qu’elle a été exclue du Parti Radical en octobre.
Une femme politique
Ram Yade a un parcours politique assez intéressant. Issue de l’immigration, la famille de Mame Ramatoulaye Yade (dite Rama Yade) est d’origine sénégalaise. Sa mère est professeur de lettre et son père professeur d’Histoire, diplomate et proche de l’ancien Président Léopold Sédar Senghor, dont il fut le secrétaire particulier. Arrivée en France jeune, elle sera naturalisée en 1997.
Après des études brillantes, diplômée de Science Po Paris, elle débute en politique comme administratrice au Sénat en 2002. Elle intègrera la chaine parlementaire auprès de Jean-Pierre Elkabbach. En 2005, elle rentre à l’UMP, séduite par le charisme de son président, Nicolas Sarkozy. Elle y trouvera sa place et sera nommée dans les instances du parti dès 2006 et prendra une place non négligeable pendant la campagne présidentielle.
Et ça paiera, puisqu’elle héritera en 2007 du secrétariat d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme, puis du secrétariat d’État auprès du ministre de la Santé et des Sports, chargée des Sports en 2009. Elle quitte le gouvernement en 2010, car elle n’est pas reconduite dans le nouveau gouvernement et devient ambassadrice de France auprès de l’UNESCO.
Elle se présentera sans succès aux élections législatives de 2012, et retrouve son poste d’administratrice au Sénat. Elle adhère à l’UDI et au Parti Radical dont elle sera exclue en 2015.
Retour en politique de Rama Yade pour les présidentielles 2017
Rama Yade a donc annoncé sa candidature ce jeudi lors du journal 20 h de TF1. Elle s’est expliquée de son refus de participer aux primaires de la droite, en faisant référence à l’esprit du Général de Gaulle pour qui l’élection présidentielle était une rencontre avec les Français. À l’appui de cette candidature, la création d’une « coopérative politique » qui rassemble « plusieurs mouvements citoyens et politiques ».
« La France qui ose », le nom de cette organisation est, selon Rama Yade, le fruit d’un constat de « crise démocratique profonde ». L’ancienne secrétaire d’État estime que rien n’a changé depuis le 21 avril 2002 qui avait vu le FN arriver au second tour. Et elle ne mâche pas ses mots : « on rejoue toujours la même pièce de théâtre avec les mêmes mauvais acteurs ». Officiellement ni vraiment de droite, ni vraiment de gauche, ce mouvement se veut être une émanation de l’esprit citoyen qui veut renouer avec une France plus démocratique : « Il faut que nous rendions le pouvoir au Français et à la France ». C’est ainsi qu’elle estime devoir présenter un « projet de radicalité ».
Quel avenir pour la candidature de Rama Yade ?
La principale question va surtout être pour Rama Yade d’obtenir les 500 signatures nécessaires à la prise en compte de sa candidature à la présidentielle. Même si elle a annoncé commencer son tour de France à la recherche de soutiens, on imagine que c’est un véritable challenge alors qu’elle ne bénéfice d’aucun soutien particulier, malgré les 50 000 sympathisants qu’elle annonce et les 102 comités dans les départements. Si elle entend donner de la voix et prendre part aux débats, elle affirme toute fois qu’elle ne se présente pas « pour témoigner ni pour peser ni pour négocier quoi que ce soit ».
Son mouvement s’inscrit dans la lancée de celui d’Emmanuel Macron, sans affinité politique affichée, pour dépasser les clivages droite/gauche. Une bonne tactique pour récupérer un électorat un peu dispersé et très engagé sur le plan social que l’on peut appeler la France de la rue… Ses soutiens viennent des écolos, de certains radicaux et centristes et d’associations engagées. Cela suffira-t-il à lui donner une assise suffisante pour peser dans le débat ?
Quoi qu’il en soit, cette annonce ne sonne pas comme un coup d’éclat et les réactions des uns et des autres donnent plutôt un sentiment de désintérêt lié au manque de crédibilité de ce projet et de celle qui le porte.
Photo via voxe.fr