Il avait succédé en dehors de tout congrès à Thierry Lepaon en février 2015, à la suite d’un scandale. Philippe Martinez est reconduit dans ses fonctions de numéro 1 de la Confédération Générale du Travail (CGT) depuis vendredi 22 avril.
Pari gagné pour Philippe Martinez et une orientation plus radicale
Avec un score de 95,4 % Philipe Martinez, 55 ans, prend la direction pendant 3 ans de la CGT. Cet ancien technicien de Renault, alors inconnu de la majorité des cegestistes, avait été nommé dans l’urgence (adoubé diront certains) par Thierry Lepaon en 2015 pour lui succéder. On se souvient d’ailleurs que cette nomination avait donné lieu à de nombreuses critiques et avait été entachée de quelques irrégularités.
Il s’inscrit sur une ligne contestataire, radicalise le syndicat, mais il devra aussi faire preuve de capacité de rassemblement. Et ce n’est pas gagné, lorsque l’on observe les différentes critiques contre lui, sa gestion, et la manière dont il a « présidentialisé » son élection : il est apparu seul devant la presse et n’a pas présenté son équipe. À propos du climat dans la CGT, Philippe Martinez a fait la déclaration suivante : « Notre conception des débats, c’est qu’une fois qu’on a pris des décisions, tout le monde les met en œuvre. » Une manière de faire rentrer dans le rang les quelques brebis égarées.
Et toute la semaine aura été placée sous le signe du débat, sans pour autant éviter des positions qui pourraient cliver le syndicat, déjà fortement remonté. Cela n’a pas empêché les luttes internes et les clivages sectoriels. Et bien qu’il ait été élu, il n’a pas pour autant reçu un chèque en blanc puisque la ligne directrice (le document d’orientation pour les trois années à venir) n’a pas été plébiscitée et de nombreuses questions, comme la protection sociale par exemple, n’ont pas été réellement débattues.
Un congrès sur fond de crise interne et externe
Le 51e congrès de la CGT a débuté le lundi 18 avril à Marseille. De manière latente, les membres étaient toujours secoués par les révélations concernant leur ancien secrétaire général qui l’on d’ailleurs poussés à la démission. Un train de vie démesuré qui ne collait pas avec ce que l’on attendait de lui. Cela n’a pas été l’objet du congrès de la semaine dernière, mais est toutefois notable que l’ancien secrétaire général est toujours rémunéré par le syndicat, à hauteur de 4200 € net. Une situation plutôt confortable pour celui qui brigue une place à la tête l’Agence nationale de la langue française pour la cohésion sociale. Une perspective qui devra être tranchée (ou accordée) par Manuel Valls.
La crise, elle vient aussi de l’extérieur, car les débats sur la loi du travail ont monopolisé la majorité du débat, de même que la position de la CGT dans les débats et négociations avec le gouvernement. À ce titre, la question de la mise en place d’une grève générale reconductible est largement posée par les membres et délégués, ce à quoi M. Martinez a répondu : « La question de la reconduction de la grève, nous la poserons, les salariés la poseront, et ce sera plus évident à condition d’être nombreux, très nombreux pour les arrêts de travail ». Ce point devrait être tranché le 28 avril, date convenue pour une nouvelle mobilisation contre le projet de loi portant réforme du Code du travail.
« La CGT est bien présente »
C’est ainsi que Philippe Martinez a répondu aux différentes critiques qui ont attaqué le syndicat, le comparant à « un dinosaure », « un soviet ». Pour le secrétaire général, « Cela prouve que nous sommes bien présents et vivants car on ne tire pas sur les morts (…) C’est la première organisation syndicale de notre pays et elle entend bien le rester ». À bon entendeur donc.
Il a parlé de la CGT comme étant « offensive, déterminée, rassemblée et rassembleuse ». La ligne directrice des actions se concentrera sur un nouveau statut du salariat, la réduction du temps de travail, une nouvelle répartition des richesses et se fera entendre par la contestation, le rassemblement et la mobilisation. Inutile de préciser que cela sous-entend un durcissement des positions sur la loi El Khomri.
La semaine qui s’annonce ce lundi va être très sociale. Nous verrons bien quelle sera la mobilisation des différentes sections, et dès demain avec les cheminots.
Photo via rtl.fr