Armement : DCNS signe le contrat de l’année

Publié le 26 avril 2016 par Leblogpolitique

C’est un fait, ce secteur d’activité ne connait pas la crise (tout comme les conflits par ailleurs). Preuve en est le contrat que le français DCNS vient de remporter au profit de l’Australie.

On ne peut qu’applaudir à cette victoire, mais cela ne doit pas nous faire oublier que le Pacifique devient petit à petit une zone de tensions, non seulement économiques, mais surtout militaire qui se traduit par une course aux armements qui ne doit pas être banalisée.

Un contrat de 34 milliards d’euros pour 12 sous-marins

Un budget colossal pour ce programme de défense : 50 milliards de dollars, soir environ 34,3 milliards d’euros. De quoi attirer du monde pour l’appel d’offres dont le cahier des charges inclut la conception, les transferts de technologies (donc la formation à plusieurs niveaux), la production, le système de combat et la maintenance pendant un quart de siècle.

Ils étaient 3 en lice pour ce contrat d’armement : le Japon avec un consortium regroupant Mitsubishi Heavy Industries et le gouvernement, l’Allemagne avec ThyussenKrupp Marine Systems (TKMS) et la France avec DCNS (qui appartient à l’État et Thalès). Les négociations et offres ont démarré début 2015. Plus d’un an donc pour aboutir à déclaration ce mardi du premier ministre australien Malcolm Turnbull : « Les recommandations lors du processus d’évaluation des offres (…) ont été sans équivoque : l’offre française est la plus à même de répondre aux besoins uniques de l’Australie ».

Le choix stratégique de DCNS

Pourquoi l’offre française a été retenue ? Tout est question de stratégie. Les Allemands partaient avec deux handicaps : ils n’ont jamais construit de sous-marins de cette envergure, et ne disposent pas de bâtiments capables de parcourir de longues distances, au contraire de la France.

Les Japonais, pour leur part, auraient pu avoir des difficultés à concevoir ces bâtiments hors de son territoire. Sans compter les difficultés politiques et diplomatiques que ce choix aurait pu avoir sur les relations, déjà tendues, avec la Chine.

Donc acte. Maintenant s’ouvre la phase de négociation quant aux modalités de mises en œuvre.

Un contrat franco-australien sur le long terme

Le premier sous-marin devrait être mis en service en 2027 ou 2030. De manière globale, le contrat représente une enveloppe globale répartie sur une période de 50 ans. Et l’Élysée de se féliciter : « (…) une avancée décisive dans le partenariat stratégique entre les deux pays, qui vont coopérer durant cinquante années sur l’élément majeur de souveraineté que représente la capacité sous-marine. »

Nul doute que cet énorme projet va créer des emplois, ici comme en Australie, puisqu’une partie du processus de construction se fera à Adelaïde. On parle déjà de 2800 emplois nouveaux en plus des 4000 personnes chez DCNS et ses sous-traitants situés entre Cherbourg, Lorient et Nantes.

La question de l’emploi est, comme en France, un sujet sensible en Australie. Ce qui explique la condition de construction sur son territoire, afin que ce contrat puisse avoir des conséquences positives tant sur le chômage, que sur l’industrie. Ainsi, M. Turnbull a déclaré : « C’est un grand jour pour notre marine, un grand jour pour l’économie australienne du 21e siècle, un grand jour pour l’avenir de l’emploi ».

Bon, d’accord, pour l’emploi… mais pas seulement.

Si tu veux la paix, prépare la guerre

L’Australie va s’enrichir d’une flotte de 12 sous-marins au lieu de 6 actuellement. Cela s’inscrit dans une stratégie globale de renforcement de son système de défense compte tenu des enjeux géopolitiques qui se jouent dans toute la zone Asie/Pacifique mais aussi de son engagement dans la coalition contre l’État Islamique. Et ce n’est pas par hasard que le pays a annoncé en début d’année une augmentation de près de 30 milliards de dollars du budget de la défense répartis sur 10 ans.

La Chine est le principal point de crainte dans la zone, menant une politique de revendication territoriale sur nombre d’îles, et d’îlots, y installant des infrastructures aéroportuaires et autres bâtisses. Ce sont des luttes d’influences qui ont pour toile de fond les zones halieutiques, et riches en hydrocarbures. Sans compter les tensions entre les Philippines et Pékin. De manière générale, l’Inde et le Japon ont aussi revu leur politique navale.