USA : Clinton en guerre contre les armes à feu

Ce n’est pas un combat nouveau pour la candidate démocrate aux élections présidentielles américaines. Déjà en 2015 elle avait vivement réagi suite au meurtre de deux journalistes en direct, puis après la fusillade de l’Oregon. Le 21 avril, en pleine campagne, elle a rencontré les proches de victimes de violences armées dans le Connecticut, État qui a voté hier pour les primaires.

Une cible : la NRA

Longtemps incarnée par une figure glorieuse du cinéma américain – Charlton Heston – la Nationale Rifle Association (NRA) est probablement le plus puissant lobby américain, et le plus influent. À l’origine elle est créée après la guerre de sécession par des officiers qui déplorent le manque de savoir dans le maniement des armes par les soldats. Cette puissante organisation, qui défend les droits civiques, prône et défend le droit pour chaque citoyen américain de porter une arme à feu, de s’en servir en cas d’auto-défense, de s’entrainer. C’est un droit inscrit dans le deuxième amendement de la constitution américaine.

En 2013, la NRA revendique près de 5 millions d’adhérents. Ce qui en fait un acteur incontournable de la scène politique car elle représente beaucoup de voix. Son activité de lobbyisme porte certains à dire qu’elle fait un peu la pluie et le beau temps à Washington. Cela dit, elle ne représente pas simplement des fous furieux armés. Elle est partenaire de nombreux programmes éducatifs et préventifs diffusés dans les écoles. Elle défend les partisans d’un usage éclairé des armes et lutte contre toute mesure qui viserait à limiter les droits des utilisateurs mais aussi des producteurs et distributeurs d’armes à feu.

Hillary Clinton et les armes à feu, dans la continuité de Barak Obama

Dès 2012, suite au décès de 20 enfants dans une école élémentaire, le Président Obama avait souhaité un durcissement de la législation sur les armes à feu, sans succès. Ce qui l’avait amené à déclarer : « Malheureusement, l’emprise de la NRA sur le Congrès est extrêmement forte ». Et chaque massacre est l’occasion de dénoncer la situation estimée par certains trop laxiste. Le problème, c’est principalement que même si les congressistes déplorent et dénoncent les malheureux événements qui égrainent l’actualité, ils rejettent toute modification législative ou remise en cause du deuxième amendement.

Hillary Clinton est l’une des seules candidates à affronter la NRA. Et sa ligne est claire, dans la ligne du président actuel. Et elle a profité d’un déplacement de campagne dans l’état qui avait été endeuillé de 20 enfants et 6 adultes en décembre 2012 pour réaffirmer son engagement à lutter contre « l’épidémie » de mort par arme à feu. Elle a en outre dénoncé le « harcèlement sur internet » dont sont victimes les militants anti-NRA. Pour Clinton : « en termes politiques, le lobby des armes ne se repose jamais ».

Des déclarations qui frappent fort… Mais pour quel écho ?

« Avons-nous à ce point abdiqué nos responsabilités que nous n’osons pas confronter la NRA et le lobby des producteurs d’armes à feu ? C’est absolument désespérant. Cela me rend malade de découvrir un nouveau massacre. Personne ne devrait avoir peur de se rendre dans une école, ni dans une salle de cinéma, ni à une veillée de prière » avait déclaré en 2015 Hillary Clinton.

Elle avait alors promis que si elle est élue à la Maison-Blanche, elle agirait par pour renforcer le contrôle des ventes d’armes sur internet ou dans les foires, mais aussi permettre aux familles de victimes de fusillades de poursuivre les fabricants d’armes. Un combat louable, qui lui permet de se démarquer de son concurrent Bernie Sanders, qui s’est clairement positionné contre tout type de mesure limitant le droit des citoyens à porter une arme.

Des déclarations intéressantes et louables, qui vont à coup sûr faire l’objet d’âpres débats aux États-Unis. Cela, une petite nuance à saisir dans les dernières déclarations de la candidate qui précise bien qu’il y a « trop d’armes à feu entre de mauvaises mains dans ce pays » …De mauvaises mains oui, ce qui laisse la porte bien ouverte pour négocier avec la NRA sur un projet concernant la limitation des détentions accordées aux personnes condamnées par exemple, ce que le lobby ne contredit pas puisque son crédo, c’est le respect des droits des détenteurs qui respectent la loi.