Premier trimestre 2016 : Les chiffres de la croissance en hausse

En ces temps tumultueux, les bonnes nouvelles ne sont pas à mettre de côté, surtout du côté du gouvernement qui ne plafonne pas vraiment dans les sondages positifs. Et cette semaine se termine plutôt bien si l’on en croit les données statistiques parues : un chômage en baisse au mois de mars (avec 60 000 chômeurs en moins), un contrat de plusieurs milliards avec l’Australie pour la vente de sous-marins et une croissance en hausse de 0.5 % pour le premier trimestre 2016, comme vient de le communiquer l’INSEE ce vendredi. La France irait-elle mieux ?

Une croissance notable pour le premier trimestre 2016

Déjà, le quatrième trimestre 2015 avait permis de dégager une hausse de 0,3 %. Pour le début de l’année, c’est un peu mieux. Pour le premier trimestre, 0,5 % en plus, c’est une donnée assez prometteuse pour la perspective de 1,5 % à la fin de l’année. La consommation des ménages est, elle aussi, en augmentation, avec 1,2 % sur un trimestre, ce qui conforte la hausse annuelle (lissée) de 2015 qui s’élevait à 1,4 %. Quant à l’investissement des entreprises, la tendance est aussi confirmée avec 1,6 % en plus sur le trimestre. Le seul chiffre plus négatif est celui des exportations, qui subit un recul de 0,2 %.

Ces chiffres sont supérieurs aux prévisions initialement produites par l’INSEE, mais aussi par la Banque de France qui n’espéraient pas plus de 0,4 % d’augmentation. Pour l’institut de statistique, c’est véritablement la consommation des ménages qui a permis de booster les données, cette dernière n’ayant pas autant augmenté depuis 2004. Cela dit, le chiffre permet aussi (et simplement) de rattraper la baisse qui avait été observée au dernier trimestre 2015, suite aux attentats.

Pour Michel Sapin, ministre des Finances, « une croissance solide qui est enclenchée, avec une consommation en forte hausse et un investissement des entreprises qui accélère (…) Notre action porte ses fruits, nous la poursuivrons avec détermination dans les prochains mois ». Il ne manque d’ailleurs pas de mettre en corrélation à cette croissance les chiffres du chômage en baisse liée à une augmentation de la production.

François Hollande c’est quant à lui exprimé jeudi en indiquant que « la reprise économique est là »

Un climat économique mondial morose, mais une France qui va mieux

Non, nous ne sommes pas toujours à rebours… Alors que le monde fait face à un ralentissement des chiffres (notamment dans les pays émergents et en Chine) lié à la baisse du coût des matières premières, la France trace son petit bonhomme de chemin. Ces hausses de croissance et baisses du chômage sont en partie liées à deux facteurs qu’il est intéressant de souligner : le prix du pétrole qui est faible, mais aussi les taux d’intérêt particulièrement attractifs. Ces deux éléments permettent d’alimenter la consommation des ménages et la croissance des investissements en entreprises.

Et les économistes de Bercy, sur cette lancée, se permettent d’ailleurs des projections de croissances plus optimistes que les analystes du FMI et de la Commission européenne qui prévoient respectivement 1,1 % et 1,4 % de croissance annuelle pour la France en 2016. Pour notre ministère, donc, même si le reste de l’année était nulle en termes d’évolution, l’augmentation serait déjà de 1 %. À suivre donc.

Mardi, les chiffres du chômage étaient plutôt positifs avec une baisse de 1,7 % de demandeurs d’emploi sans activité. Même s’il faut nuancer cette annonce qui ne concerne que la Catégorie A des inscrits. Car, en effet, si cette dernière a fortement diminué, les catégories B et C (qui ont une activité réduite) ont quant à elle fortement augmenté. Beaucoup estiment que c’est un bon chiffre, une bonne tendance dont le maintien reste à prouver sur le long terme.

Des signaux positifs, qu’il faut toutefois modérer

D’une part, le contexte social français est relativement tendu, comme le démontrent les manifestations et grèves répétées de ces dernières semaines qui ont tendance à dégénérer de plus en plus. Cette défiance vis-à-vis du gouvernement doit être prise en compte, car elle est source d’instabilité économique. Les pourparlers concernant la loi El Khomri ne sont pas pour rassurer le monde du travail, tant du côté des patrons que des salariés.

Si les annonces positives de cette semaine ont largement été relayées et commentées, le moral des ménages, publié mercredi, reste quant à lui à son niveau le plus bas depuis l’été 2015. Cet indice porte sur la perception de la situation personnelle des ménages, mais aussi sur leur perception à propos de l’évolution économique générale de la France. C’est une donnée qui permet d’évaluer le niveau à venir de la consommation.

Au niveau fiscal, même chose, n’en déplaise au Président Hollande qui a déclaré qu’il y a moins d’impôts, ce qui est relativement vrai d’une certaine manière, cette déclaration ne prend pas en compte l’augmentation très importante qu’a subie la fiscalité des collectivités territoriales. Ces dernières se sont effectivement vues augmenter leurs domaines d’attribution et d’intervention, mais vont devoir augmenter leurs moyens, de fait.

Pour conclure, ces annonces sont de bons augures pour la reprise économique. Mais suffiront-elles à servir les intérêts électoraux du Président sortant ? Rien n’est moins sur.