Jean-Jacques Urvoas, Garde des Sceaux I ©maxppp
Le ministre de la Justice fait un constat : enfreindre la loi est parfois très lucratif. L’homme déplore que "Le droit actuel ne dissuade pas réellement de commettre des fautes lucratives, c'est-à-dire qui rapportent à leur auteur plus qu'elles ne coûtent en dommages et intérêts, comme en matière de contrefaçon, ou d'atteinte à la vie privée par une entreprise de presse"Concurrence déloyale, dommages écologiques, atteinte à la santé publique...Jean-Jacques Urvoas propose de créer une "amende civile", "permettant de rendre la commission de faute inattractive d'un point de vue économique", amende qui alimenterait soit le Trésor public, soit des fonds dédiés à réparer certains dommages. La Chancellerie a précisé que cette amende pourrait aussi s'appliquer par exemple en cas de concurrence déloyale, de dommages écologiques ou d'atteinte à la santé publique.Jusqu'à 10 % du chiffre d'affairesLe projet soumis à consultation prévoit que cette "amende civile" ne peut dépasser 2 millions d'euros ou, si c'est une entreprise qui est fautive, "10% du chiffre d'affaires mondial hors taxes le plus élevé réalisé" au cours des exercices passés. L'amende relève avant tout en France de la justice pénale, celle qui condamne au nom de la société en cas d'infractions, de délits ou de crimes, et impose des peines. La justice civile, qui tranche les litiges entre personnes privées par exemple en matière de succession, de famille ou encore de banales querelles de voisinage, impose, elle, aux fautifs d'indemniser les victimes. Les deux se rencontrent, puisque les coupables de délits ou crimes, outre leurs peines, peuvent également être condamnés à indemniser des parties civiles.La justice civile, essentiellement faite de jurisprudenceLe Garde des Sceaux a rappelé que la "responsabilité civile" en France était définie par quatre articles du code civil, "inchangés depuis 1804", et que le droit était donc essentiellement fait de jurisprudence, d'une accumulation de décisions de tribunaux. "Pour le citoyen c'est un véritable problème". Le ministre veut porter son projet en Conseil des ministres au premier trimestre 2017. Il ne pourra donc être voté avant la présidentielle, mais Jean-Jacques Urvoas s'est dit "convaincu" qu'il le serait sous la législature suivante. JB-MPOLITIQUE / NATURE > Pollution, santé publique : allons-nous vers des "amendes civiles" ?
Publié le 03 mai 2016 par Fab @fabrice_gil
Parce qu'enfreindre la loi est parfois très "lucratif", Jean-Jacques Urvoas a annoncé un projet d'"amende civile" censée être dissuasif en matière de pollution et de santé publique, pour les particuliers comme les entreprises.