On sait que les exsudats favorisent globalement la prolifération bactérienne, cette étude de l’Université de Genève (Unige) montre que les brûlures stimulent leur virulence. Des conclusions présentées dans mSphere, la revue de l’American Society for Microbiology, et qui contribuent à expliquer le développement de sepsis, des infections généralisées sévères causées par certains de ces germes pathogènes, et qui constituent la complication la plus fréquente chez les patients souffrant de brûlures.
La sepsis constitue la principale cause de décès chez les personnes souffrant de brûlures sévères. Elle résulte de la diffusion des agents pathogènes présents dans l’organisme, dont Pseudomonas aeruginosa, l’une des 3 bactéries les plus fréquemment responsables. Un micro-organisme redoutable d’autant que sa virulence et sa résistance aux antibiotiques peut être modulée par divers facteurs présents dans l’hôte. Ainsi, Pseudomonas aeruginosa présente une forte capacité à se multiplier dans les exsudats et à y sur-exprimer certains de ses facteurs de virulence. Ces travaux qui ont nécessité l’analyse de la composition des exsudats ont permis aux chercheurs de développer un milieu de culture artificiel, similaire à celui retrouvé en cas de brûlures et bien précieux pour de prochaines recherches.
Les chercheurs dirigés par Karl Perron, microbiologiste à l’UNIGE et son équipe, ont étudié l’effet des exsudats des plaies de brûlures sur la survie et la virulence de 3 bactéries fréquemment retrouvées, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus et Acinetobacter baumannii. Ils expliquent pourquoi les plaies résultant de brûlures graves forment des microenvironnements favorables au développement d’infections souvent sévères, chroniques et très difficiles voire impossible à traiter. Ces micro-organismes sont généralement capables de produire différents facteurs de virulence et d’adaptation à leur environnement pour envahir, coloniser (biofilm) et persister chez l’hôte.
Les exsudats, principaux facteurs de pronostic : les exsudats contiennent des molécules immunitaires et des enzymes capables de détruire certaines bactéries. Ainsi, leur composition influence fortement le processus de cicatrisation des plaies, l’état général du patient, ainsi que la virulence des bactéries opportunistes. Cependant, les chercheurs révèlent que, des 3 bactéries étudiées, seule P. aeruginosa est en mesure de croître au sein des exsudats de plaies de brûlures. Et, dans ces exsudats, la bactérie coupable est en mesure de sur-exprimer ses facteurs de virulence. Cette surexpression de facteurs de virulence élimine les défenses immunitaires spécifiques et entraîne donc la dégradation des tissus environnants.
Contrer l’invasion de P. aeruginosa : alors que les exsudats testés inhibent la croissance de S. aureus et A. baumannii, ils sont favorables à l’invasion de P. aeruginosa. Les observations de ces scientifiques, vont donc permettre d’élaborer de nouvelles stratégies de prévention et de traitement ciblées spécifiquement sur ce pathogène. Dans un premier temps, un milieu de culture artificiel imitant exsudats des brûlures va désormais permettre d’analyser in vitro les interactions entre ces différentes bactéries, afin de stopper P. aeruginosa dans sa course, chez les patients souffrant de graves brûlures.
Source: mSphere, 2016 DOI: 10.1128/mSphere.00111-15 Effect of Human Burn Wound Exudate onPseudomonas aeruginosaVirulence(Visuel”Pseudomonas aeruginosa”@Karl Perron, UNIGE, vignette CDC)
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