OceanOne est le nom d'un tout nouveau robot qui pourrait bien révolutionner le milieu de l'exploration sous-marine. En effet, ce robot de 2m de long et près de 180kg a été spécialement conçu par l'université de Stanford en Californie pour visiter des épaves situées dans des profondeurs inaccessibles à l'homme.
OceanOne est actuellement exposé au musée d'histoire de Marseille à l'occasion de l'exposition "Mémoire à la Mer" qui célèbre les 50 ans du DRASSM, le département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines dirigé par l'emblématique Michel l'Hour.
Ce projet incroyable est à l'origine de Michel l'Hour et Oussama Khatib, chercheur à l'université de Stanford). Le chercheur et le célèbre archéologue sous-marin ont l'idée d'un projet un peu fou : créer un robot capable d'explorer les fonds sous-marin, inaccessibles à l'Homme. Ils auraient alors accès aux plus vieilles épaves au plus profond des océans. Un peu fou certes, mais quatre ans plus tard, OceanOne réalise sa première descente sur une épave à près de 100m de profondeur.
Nous avons imaginé ce projet il y quatre ans, explique Michel L'Hour. Oussama m'avait parlé d'une étrange machine qu'il était en train de mettre au point, en Californie. Nous avons alors décidé de nous associer. Pendant ces quatre années, nous avons défini notre propre cahier des charges, contacté des ingénieurs, dressé des études... Le résultat, c'est cet incroyable robot : Ocean One.
Plongée sur la Lune
C'est en effet l'épave de La Lune, célèbre vaisseau de guerre ayant appartenu à Louis XIV et qui a coulé en novembre 1664 dans les eaux de la côte Toulonaise. Son épave se trouve à 90m de profondeur et n'a subit qu'une légère fouille par la DRASSM en 2012. Sa profondeur empêche les plongeurs de réaliser de longues fouilles. C'était donc une mission tout à fait à la portée d'OceanOne, conçu pour atteindre 2000m de profondeur !
L'enjeu était de vérifier tout le potentiel de ce robot pour l'archéologie sous-marine.
On était si angoissé au moment de larguer le robot qu'on n'avait plus aucun poil de sec ! s'amuse Michel L'Hour. Un peu comme si on avait été à la place d'Ocean One.
Le bilan est très positif et prometteur ! OceanOne a notamment réussi à remonter, intact, un pot en céramique à quatre anses.
La délicatesse " haptic interaction "
L'enjeu principal de la construction d'OceanOne était de faire en sorte de créer un robot aussi délicat qu'un archéologue, qui ne risquait pas de détériorer des pièces. Ce n'est pas un robot intelligent ni autonome : son rôle est de remplacer le corps de l'homme et de transmettre toutes les sensations qu'un homme aurait pu ressentir. C'est pour répondre à cette problématique que fut développée la "harpic interaction". Elle permet à l'homme qui le pilote de ressentir les choses que le robot touche, grâce à des capteurs implantés dans les mains du robot. Une prouesse incroyable !
Perspectives d'avenir ?
OceanOne n'est encore qu'un prototype, mais selon de nombreux spécialistes, il représente une réelle révolution et pourrait rapidement devenir la solution numéro 1 pour l'exploration de fonds sous-marins.
" Dans le monde, les mers et océans sont tapissés probablement de millions d'épaves, dont près de 200 000 dans les eaux françaises, et bon nombre d'entre elles se situent au-delà de 60 mètres, profondeur au-delà laquelle les plongeurs humains ne s'aventurent pas trop pour des raisons physiologiques, rappelle Michel L'Hour. Ocean One a donc là un rôle unique et inédit à jouer ".
Au delà de son rôle d'archéologues, OceanOne pourrait également se révéler très utiles pour récupérer les boîtes noires d'avions engloutis ou encore pour étudier les animaux des sources hydrothermales situées à plusieurs milliers de mètres...
Pour les anglophones et amateurs d'images, voici la vidéo de présentation du robot et de son exploration de La Lune :