Stéphane Korvin continue sa remarquable entreprise de réédition des écrits d’Agnès Rouzier, introuvables depuis des années. Vient de paraître le second volume, dire, encore.
On pourra aussi se référer à l’important cahier que le CCP, Cahier critique de poésie, vient de faire paraître autour d’Agnès Rouzier.
« Je ne dois jamais plus rien lire sans prendre un minimum de notes. Beaucoup travailler pour beaucoup vivre. Ainsi ce Journal de Virginia Woolf a ce côté passionnant, vivant, d’un voyage : une curiosité vorace qui s’apaise. Cela s’intègre comme un moment "intéressant" de mon existence. La lecture n’est pas passive, pas contemplative. Même à ce niveau, elle est "dialogue". Ouverture profondément curieuse, à la fois sur l’autre, à la fois sur le Double. Acquiescement et mise en question, réciproque. Avec toute la patience, l’intérêt, l’intensité d’écoute, requis. Par de telles expériences je communique : c’est comme une réplique, plus apaisante, que l’écriture. La volupté du voyeur avant qu’il entre lui-même en lice .
Quel est le registre particulier de la lecture que je cherche en recopiant des textes ? Les prendre à l’intérieur de moi ? Mais aussi me rassurer au niveau de ma propre écriture. Appropriation tout aussi bien que pénétration plus intime. Rite de l’éloge : la parole redite, le geste refait. L’approche extrêmement lente. Ce que Barthes appellerait un "exercice mystique" »
Agnès Rouzier, dire, encore, édition Brûle Pourpoint, 2016, p. 111.