" La situation générale est triste mais il y a une telle bouffée d'humanité dans le camp, avec les bénévoles et avec les réfugiés, qu'on repart plein d'énergie. " Le constat est de Johanna, 20 ans, en route pour son deuxième bénévolat à Grande Synthe, près de Dunkerque. " Un ami m'avait parlé de l'association Utopia 56, qui gère les lieux. J'ai décidé d'y aller pour être utile et me faire ma propre idée " , dit-elle.
Le camp humanitaire se compose de centaines de maisonnettes de bois clair dont les 1.500 occupants, essentiellement des Kurdes, rêvent de traverser vers l'Angleterre toute proche. Un gros village, donc, où toutes les tâches reposent sur des bénévoles. Amandine, 27 ans, psychologue à Angers, a pris 5 jours sur sa semaine de congés. " Il y a tellement de choses à faire que tu ne perds vraiment pas ton temps, assure-t-elle, tout en confectionnant une gargantuesque salade de fruits. Et c'est chouette de rencontrer des volontaires de tous les horizons. " La cuisine collective, par exemple, qui prépare des centaines de repas par jour, est tenue par de jeunes Allemands.
Menuiserie, surveillance et distribution de couvertures
Laura, 31 ans, travaille dans le social à Manchester - elle a fait en sens inverse le chemin que les réfugiés du camp rêvent de parcourir. " Pour moi, cette situation est un problème britannique. Je viens pour faire une petite différence, même si c'est minimal " , explique-t-elle. Gilet fluo sur le dos et talkie-walkie à la main, elle est chargée, pour deux heures, de filtrer les véhicules à l'entrée du camp.
Un peu plus loin, le chantier de menuiserie bat son plein pour agrandir les cabanons de bois. Alisa, une étudiante allemande, a le rouge aux joues et de la sciure dans les cheveux. " C'est à la fois très gratifiant, lorsque les gens te sourient et te remercient, et très difficile, lorsque certains se montrent un peu agressifs. Mais je comprends qu'ils soient exaspérés par la situation, je le serais aussi ! On a un aperçu de leur souffrance, on réfléchit à la liberté qu'on a, juste parce qu'on est né à un certain endroit ", dit-elle, émue. Pour se " protéger ", certains évitent de devenir trop proches des réfugiés, comme Simon, un développeur de logiciels de 26 ans qui pense rester trois mois : " Si j'étais trop mêlé à leur histoire, si je partageais trop leur peine, je risquerais de péter un câble. "
Prendre conscience de la façon dont ils vivent
Promu " chef d'équipe ", le jeune Lyonnais assure que l'association accepte tous les bénévoles, sans restriction d'âge ni de compétences, " même pour une demi-journée" . " Il faut absolument venir, renchérit Zoé, une Canadienne de 18 ans qui a interrompu son tour d'Europe en sac à dos pour venir aider. On a besoin de plus de gens et, surtout, plus de personnes doivent être conscientes de ce que c'est de vivre comme ça. Ca nous sort de notre bulle personnelle. "
De retour en Allemagne, Alisa trouve difficilement le bon adjectif lorsqu'on lui demande " comment c'était" . Elle répond simplement : " J'ai grandi. Je suis vraiment contente d'y être allée. " Elle y retourne le week-end prochain.
De nombreuses associations cherchent des bénévoles dans la région de Calais et Dunkerque. Pour ne citer que les francophones :
- L'auberge des migrants, à Calais, pour faire le tri des dons qui arrivent de l'Europe entière ;
- La Belgium Kitchen, pour préparer et distribuer des centaines de repas par jour dans la " Jungle " de Calais. Possibilité de dormir sur place ;
- Utopia 56, pour faire tourner le camp de Grande Synthe (distributions, construction, cuisine, nettoyage, surveillance...). Logement en bungalow dans la région pour 5 euros par nuit.