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Pour en finir avec la détox

Publié le 02 mai 2016 par Jemesensbien

Le printemps revient et avec lui sa cohorte d’articles sur les cures détox bourgeonnent comme l’acné sur les joues adolescentes. Comment choisir entre tous ces bons conseils ? Tout d’abord, commençons par nous détoxifier le cerveau.

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Ça fait déjà quelques années que ça dure et les copines ont toutes leur programme pour se conformer à ce quasi-rituel de la femme urbaine stressée du 21ème siècle. Je ne parle pas d’essayer d’enfiler son jean fétiche après le nouveau régime conseillé par la cousine du coiffeur. Mais de purifier son organisme en avalant des mixtures au goût douteux à l’arrivée du printemps. Le grand nettoyage, côté intérieur. Faut-il que ce soit mauvais pour que ça marche, un peu comme les sirops pour la toux  ? Bref, pour nettoyer la tuyauterie et ses annexes, nous avons le choix entre la sève de bouleau, l’hydrolat de carotte, le jus de radis noir et j’en passe.

Il faut dire que nous avons l’habitude d’être très sales. Toute l’année, nous avalons moult cochonneries (et autres cochonnailles), solides ou liquides voire gazeuses, qui ravissent nos papilles et nous font gonfler les adipocytes en traître. Toute l’année donc, on s’en fout et telles des cigales ou des oies blanches, on se gave. Les poissons aux métaux lourds, les fruits et légumes bourrés de pesticides, les veaux hormonés… on s’en met plein la lampe et on stocke des tas de toxines dans nos émonctoires. Beurk.

On s’en met plein la lampe et on stocke des tas de toxines dans nos émonctoires. Beurk.

Et puis vient le printemps et, Gros Jean comme devant, nous devons expier. La biodasse qui est en nous doit se repentir et faire son mea culpa. Selon la méthode choisie, la punition sera sensiblement la même : la sève de bouleau, légèrement sucrée, se déguste par godet de 6 cl à jeun le matin, sur une période de 3 semaines.
L’hydrolat de carotte quant à lui, se mélange à de l’eau et peut se prendre à raison d’1cuillère à soupe par jour. Venir à bout d’un flacon de 200 ml prendra donc 20 jours, en fait plus car, sur le même mode opératoire que d’oublier de faire ses devoirs, le cerveau du matin encore embrumé, on l’oublie 1 jour sur 2. Pour le jus de radis noir qu’on trouve en ampoules, la durée de traitement est analogue.

Pendant cette période où l’on se purifie, on se la joue détox à fond. Un tri drastique s’opère dans les placards, les sucres et les produits raffinés sont mis de côté, on lit VeggieMag, on boit des litres de jus de légumes et de thé vert, on pisse toutes les demies-heures du coup, on a l’impression d’éliminer ou d’être enceinte, sans le gros bidon. Au passage, la petite quinte de toux traitresse qui nous vaut une petite fuite urinaire, vu qu’on est remplie comme une outre, nous rappelle que boire en excès n’est pas bon (ça sollicite trop le plancher pelvien et favorise l’incontinence urinaire). Et qu’il faut vraiment la faire, cette rééducation du périnée. Je pisse donc je fuis… A la maison et au bureau, c’est tendu  : les valeureux-ses qui partagent notre existence n’ont pas 36 solutions  ; soit ils sont avec nous et comprennent qu’on a investit 400 € dans le nouvel extracteur de jus, soit ils nous narguent avec leurs pizzas, celles-là même qui creusent leurs tombes en bouchant leurs artères avec leur proscuitto crudo et leur mozzarella di bufala.

Finalement, cette frénésie nous mettrait presque à l’unisson avec ceux qui font le carême, le ramadan ou Yom Kippour. Comme si notre esprit païen veillait sur notre organisme, conscient de notre besoin de nous débarrasser du surplus régulièrement, un peu comme on fait la vidange tous les 5000 km ou qu’on donne ses fringues à Emmaus. Ce grand rituel serait-il ainsi partagé par des millions d’êtres humains survitaminés, suralimentés, culpabilisés  ? Tout d’un coup ça fiche le vertige. Pas sûr que tous les crève-la-faim de ce monde en rigolent eux aussi.

Alors pourquoi pas tenter autre chose  ? Chez Fred et Marc, passionnés de flamenco et passablement fêtards, la détox se déroule au mois de février  : pas une goutte d’alcool pendant ce mois qui se finit par l’Aïd-el-Bibine, rupture du jeûne où toutes les bouteilles sont permises. Remarquons au passage que ce jeune couple a choisi le mois le plus court pour sa purification, celui où de toute façon, on a soit la grippe, soit la gastro, ça caille et on mange des soupes. Fred et Marc, je vous mets au défi de faire ça en juillet.

D’autres voix raisonnables vous le diront, mais en avez-vous vraiment besoin  : une alimentation saine toute l’année, qui privilégie les aliments bio, locaux, de saison… et vous apporte les nutriments et vitamines nécessaires (pas besoin de remplir le tiroir de compléments alimentaires  pour combler le fait qu’on mange trop et mal !). Un bon rythme de sommeil. Pas trop de toxiques, d’excitants  : clops, café, alcool, médocs… Un peu d’exercice  ! La clé ne réside pas dans la détox. C’est l’intox qu’il faut éviter. Mais tout ça, vous le savez déjà. Alors si vous tenez à faire la cure détox quand même, allez-y  ! Ma coach m’a donné le feu vert pour démarrer.


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