La multinationale française pilotée par Vincent Bolloré détient désormais 17,33% des parts d’Ubisoft, dont 15,66% actions avec droit de vote.
Dans ce qui a toutes les apparences d’une offre publique d’achat hostile en cours, Vivendi a augmenté une fois de plus sa participation dans le capital d’Ubisoft. C’est en effet ce que révèle un document transmis par l’entreprise à l’Autorité des marchés financiers de France.
«Vivendi envisage de poursuivre ses achats en fonction des conditions du marché», peut-on lire dans sa déclaration d’intention datée du 29 avril dernier. L’entreprise maintient qu’elle «envisage de demander une recomposition du conseil d’administration d’Ubisoft en vue, notamment, d’y obtenir une représentation cohérente avec sa position actionnariale», tel que manifesté lors de sa précédente déclaration d’intention déposée en mars.
Malgré l’augmentation de sa participation dans Ubisoft, Vivendi fait marche arrière sur ce qu’elle avait affirmé préalablement : «Vivendi n’envisage pas de déposer une offre publique sur Ubisoft ni d’en prendre le contrôle». Soulignons qu’il y a un peu plus d’un mois, l’entreprise disait exactement le contraire : «Vivendi continue de souhaiter l’établissement d’une collaboration fructueuse avec Ubisoft, à défaut de quoi Vivendi d’exclut pas de prendre le contrôle d’Ubisoft».
À noter que le souhait d’une collaboration fructueuse avec Ubisoft a à nouveau été manifesté par Vivendi dans sa plus récente déclaration d’intention.
La réponse d’Ubisoft
Le blogue Game Informer a reçu la déclaration suivante de la part d’Ubisoft concernant les plus récents agissements de Vivendi à son sujet et de la contradiction derrière les propos de la multinationale :
«Nous ne sommes absolument pas surpris par cette récente déclaration de Vivendi, ni par les intentions qu’elle cache.»
«Malgré nos requêtes écrites répétées depuis leur arrivée dans notre capital, Vivendi n’a jamais présenté le moindre détail ou plan convaincant expliquant comment cette coopération supposée aurait lieu.»
«Il s’agit d’une confirmation de leur stratégie habituelle de prendre le contrôle de manière insidieuse, dans laquelle ils affirment n’avoir aucune intention de prendre le contrôle d’Ubisoft tout en y augmentant régulièrement leur participation et en préparant une offensive pour la prochaine réunion annuelle des actionnaires.»
«Cette stratégie qui consiste à annoncer successivement des intentions contradictoires est contraire aux bonnes pratiques entrepreneuriales et n’est pas dans les meilleurs intérêts des autres actionnaires d’Ubisoft.»
«Qui plus est, malgré nos requêtes écrites répétées depuis leur arrivée dans notre capital, Vivendi n’a jamais présenté le moindre détail ou plan convaincant expliquant comment cette coopération supposée aurait lieu.»
«La direction d’Ubisoft reste dédiée à la préservation de l’indépendance de notre entreprise, cette dernière étant la condition de création de la valeur ajoutée à long terme qui bénéficiera à tous nos actionnaires.»
Un conflit qui perdure
Rappelons qu’en octobre dernier, alors que Vivendi ne possédait que 10% des parts d’Ubisoft, le PDG du studio Yves Guillemot avait sévèrement critiqué le comportement de la multinationale dirigée par Vincent Bolloré :
«Prendre un pourcentage dans notre société sans discuter avec nous au préalable, ce sont des méthodes d’un autre temps. On n’entre pas dans une société en cassant la porte! Cette attitude est d’ailleurs très surprenante pour un groupe industriel comme Vivendi.»
Depuis, Ubisoft a tenté de courtiser des investisseurs potentiels au Canada, notamment à Montréal et à Toronto. Guillemot a également eu l’occasion d’échanger avec le premier ministre Justin Trudeau dans l’espoir que le gouvernement canadien puisse être un partenaire stratégique permettant à son entreprise de sortir de cette crise.