Derrière eux, dans l'angle de la vitrine, une chaise les domine comme une déesse tutélaire. Rien d'imposant cependant, plutôt une présence gracile et précieuse comme celle d'une danseuse. Son piétement délicat, jambes légères et fines, supporte une base élégante, très travaillée et pourtant sans aucune lourdeur. Là-dessus, trois paires de lunettes plantées sur leur assise de mousse contemplent elles aussi les passants. Sur le dossier de mousse des pervenches ou des aubriètes royales forment un cale-reins du plus beau violet égayant le sous-bois inattendu.
Un détail pourtant me chiffonne : pourquoi les deux caniches sont-ils attachés au pied droit de la chaise par une laisse ? La ficelle de chanvre brun doré possède la même nuance que la peinture cuivrée dont on a recouvert la couronne sculptée de la chaise. Raffinement.
Qui attendent-ils, ces petits observateurs du quartier de Chelsea ? Une nymphe égarée dans le monde des humains ?
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