Le peintre d’origine chinoise, Atsing, ami et disciple de Ming, que j’avais découvert au musée archéologique en 2009 et que j’ai retrouvé au Salon des artistes de Fontaine les Dijon (invité d’honneur) sera le choix de ce mois d’avril.
Ces jeunes gens, peints par Atsing, sont de ceux que l’on rencontre au quotidien dans nos rues citadines. Les voilà grandeur nature devant nous. Deux par deux. Ils nous font face, nonchalants, ou vaquent à leurs occupations, en se tournant le dos. C’est du figuratif, pas de doute. La représentation du sujet est précise. Lunettes, chaussettes, baskets, cigarettes…! (L’artiste a utilisé, dit-on, des photos de magazines. D’où, parfois, une impression de pose)
Qu’est-ce qui fait, alors, que l’on perçoit un malaise en regardant ces personnages? Pas si réalistes que ça… Plutôt irréels. Désincarnés. Un souffle les ferait s’évaporer. Ils n’ont pas de volume, pas d’épaisseur, pas de poids, pas de consistance. Ils ne sont que des images faciles à découper, coller, décoller, déplacer. (Eh! Oui! les photos de magazines!)
Ces individus s’ignorent entre eux et nous ignorent. Absents. Abstraits. Muets. Flottants.
La technique employée par Atsing, proche de la fresque, la palette faite de pastels très doux, le ton mate, la retenue des couleurs presque transparentes… Tout cela contribue à communiquer une impression de flou et d’inexistant. Ces êtres n’existent pas (ou plus).
Les objets peints par l’artiste, eux aussi, sont anonymes, vides de signification, éteints…
C’est une vision étrange de notre monde contemporain. Mais peut-être pas si folle que ça. Ces jeunes gens ont quelque chose de virtuel, comme l’univers dans lequel beaucoup d’entre eux croient exister. A force de vivre par procuration (et à toute vitesse), à travers des photos, des images, des importances d’apparences, des faux amis de réseaux sociaux, des idées toute fabriquées par les médias…ils se perdent…
Atsing me fait penser à Zhu hong, autre artiste chinoise dijonnaise, qui travaille également sur l’idée de disparition (mais plutôt celle des souvenirs, des choses du passé…). Même ton mat, même transparence fantomatique…
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