Chronique de Coxe
L’inconnue du quai de Mary Kubica
Nombre de pages : 400 pages
Editeur : Mozaïc
Date de sortie : 13 avril 2016
Collection : Mosaïc
Langue : Français
ISBN-10: 2280283190
ISBN-13: 978-2280283199
Prix Editeur : 19€90
Disponible sur Liseuse : OUISon résumé :
La générosité a souvent deux visages. Celui qu’on voit et l’autre, trouble.
La première fois que je l’aperçois, elle se tient sur le quai bondé de la gare de Fullerton, à Chicago. Il fait un froid à vous glacer les os, il pleut à verse. Elle serre un bébé dans ses bras. Rien ne les abrite. Quelques jours plus tard, elle est de nouveau là. Aussi fragile. Cette fois, je l’aborde/vais lui parler. Sans trop savoir pourquoi. Ni où tout cela va me mener…
Hantée par l’image de cette jeune sans-abri et de son bébé, Heidi néglige l’avis de son mari et l’hostilité de sa fille : elle ouvre sa maison à l’inconnue du quai. Qui est vraiment Willow ? Mutique, vulnérable, a-t-elle quelque chose à voir avec l’inquiétante Willow Greer, dont le compte Twitter est plein de conseils macabres sur le suicide ?
Peu à peu, la présence de l’inconnue dans la maison agit comme un révélateur des fissures familiales…
Mon avis :
L’inconnue du quai est analogue à la morsure du froid, une sensation qui glace l’échine et qui persiste une fois à l’abri, une fois le livre fermé. On a affaire à une histoire dérangeante dans laquelle l’abject corrompt la bonté, imperceptiblement, comme une infiltration poisseuse. Et c’est ce qui rend ce thriller psychologique fascinant.
Heidi, toujours occupée à aider son prochain, inculque l’anglais à des illettrés vivant dans la plus grande des précarités. En allant travailler, elle voit cette fille trempée jusqu’aux os qui tient un nourrisson. Heidi dirigée par son côté émotionnel est profondément impactée par cette image, cette détresse que tous les autres semblent ignorer.
Heidi imagine alors mille scénarios sur ce qui a bien pu mener cette inconnue, tout juste plus âgée que sa fille, à errer sur ce quai. On ressent alors vivement le dilemme qui l’habite, ce tiraillement entre rester dans l’indifférence ou tendre la main à l’inconnue et au bébé. Son bébé?
Ne dit-on pas que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions ? Contre l’avis de son mari, Heidi recueille la fille, Willow, et le bébé. On pénètre alors dans l’intimité de la famille Wood, un cocon douillet et chaleureux en apparence seulement. Heidi est mariée à Chris, un homme absent, pragmatique, accaparé par son travail. Quant à leur fille Zoé, c’est une adolescente renfrognée. Mais qui est Willow ? Cette fille méfiante ou menaçante, désarmée ou sournoise. Pourquoi sa présence catalyse les disharmonies de cette famille ordinaire ?
« Elle me fait l’effet d’une illusion d’optique, un peu comme le fameux vase de Rubin, une double perception de l’image — soit deux profils, face à face, soit le vase lui-même entre eux ».
L’inconnue du quai offre une diversité de points de vue très intéressante. Willow raconte son passé au temps du récit, tandis que Chris et Heidi confient leurs pensées dans un instant T déjà révolu. Ce décalage est troublant pour le lecteur délaissé dans un tissu de suppositions, d’intuitions, essayant de faire des connexions avec les éléments à sa connaissance.
Ce thriller est façonné avec adresse car il n’y a pas d’évidence. On comprend la fin, mais on ne sait pas par quel chemin on y parvient. C’est un jeu de voiles avec la vérité où chaque nouvel élément modifie la vision d’ensemble par un subtil glissement. Et de l’acceptable au sordide qui s’infiltre un peu plus dans chaque chapitre, la vague gêne initiale se transforme en écœurement glaçant.
Mary Kubica dessine des personnages à la psychologie fine, épurés de tout ce qui est superflu. On assiste à un éclatement émotionnel que l’atmosphère du récit rend très froid. Et malgré cette distance, il est difficile de rester insensible face à ces personnages touchés par une discordance quasi ordinaire, par une brisure dans les rouages de l’habitude qui fait tomber les œillères et révèle les blessures profondes.
L’inconnue du quai reste dans un coin de mon esprit plusieurs jours après sa lecture. Le contenu s’étiole, mais certains détails restent très clairs, le malaise persiste. Cela me fait dire que ce thriller psychologique remplit parfaitement son office, celui de déranger, de questionner, de marquer.
Chronique de Coxe
L’inconnue du quai de Mary Kubica
Nombre de pages : 400 pages
Editeur : Mozaïc
Date de sortie : 13 avril 2016
Collection : Mosaïc
Langue : Français
ISBN-10: 2280283190
ISBN-13: 978-2280283199
Prix Editeur : 19€90
Disponible sur Liseuse : OUISon résumé :
La générosité a souvent deux visages. Celui qu’on voit et l’autre, trouble.
La première fois que je l’aperçois, elle se tient sur le quai bondé de la gare de Fullerton, à Chicago. Il fait un froid à vous glacer les os, il pleut à verse. Elle serre un bébé dans ses bras. Rien ne les abrite. Quelques jours plus tard, elle est de nouveau là. Aussi fragile. Cette fois, je l’aborde/vais lui parler. Sans trop savoir pourquoi. Ni où tout cela va me mener…
Hantée par l’image de cette jeune sans-abri et de son bébé, Heidi néglige l’avis de son mari et l’hostilité de sa fille : elle ouvre sa maison à l’inconnue du quai. Qui est vraiment Willow ? Mutique, vulnérable, a-t-elle quelque chose à voir avec l’inquiétante Willow Greer, dont le compte Twitter est plein de conseils macabres sur le suicide ?
Peu à peu, la présence de l’inconnue dans la maison agit comme un révélateur des fissures familiales…
Mon avis :
L’inconnue du quai est analogue à la morsure du froid, une sensation qui glace l’échine et qui persiste une fois à l’abri, une fois le livre fermé. On a affaire à une histoire dérangeante dans laquelle l’abject corrompt la bonté, imperceptiblement, comme une infiltration poisseuse. Et c’est ce qui rend ce thriller psychologique fascinant.
Heidi, toujours occupée à aider son prochain, inculque l’anglais à des illettrés vivant dans la plus grande des précarités. En allant travailler, elle voit cette fille trempée jusqu’aux os qui tient un nourrisson. Heidi dirigée par son côté émotionnel est profondément impactée par cette image, cette détresse que tous les autres semblent ignorer.
Heidi imagine alors mille scénarios sur ce qui a bien pu mener cette inconnue, tout juste plus âgée que sa fille, à errer sur ce quai. On ressent alors vivement le dilemme qui l’habite, ce tiraillement entre rester dans l’indifférence ou tendre la main à l’inconnue et au bébé. Son bébé?
Ne dit-on pas que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions ? Contre l’avis de son mari, Heidi recueille la fille, Willow, et le bébé. On pénètre alors dans l’intimité de la famille Wood, un cocon douillet et chaleureux en apparence seulement. Heidi est mariée à Chris, un homme absent, pragmatique, accaparé par son travail. Quant à leur fille Zoé, c’est une adolescente renfrognée. Mais qui est Willow ? Cette fille méfiante ou menaçante, désarmée ou sournoise. Pourquoi sa présence catalyse les disharmonies de cette famille ordinaire ?
« Elle me fait l’effet d’une illusion d’optique, un peu comme le fameux vase de Rubin, une double perception de l’image — soit deux profils, face à face, soit le vase lui-même entre eux ».
L’inconnue du quai offre une diversité de points de vue très intéressante. Willow raconte son passé au temps du récit, tandis que Chris et Heidi confient leurs pensées dans un instant T déjà révolu. Ce décalage est troublant pour le lecteur délaissé dans un tissu de suppositions, d’intuitions, essayant de faire des connexions avec les éléments à sa connaissance.
Ce thriller est façonné avec adresse car il n’y a pas d’évidence. On comprend la fin, mais on ne sait pas par quel chemin on y parvient. C’est un jeu de voiles avec la vérité où chaque nouvel élément modifie la vision d’ensemble par un subtil glissement. Et de l’acceptable au sordide qui s’infiltre un peu plus dans chaque chapitre, la vague gêne initiale se transforme en écœurement glaçant.
Mary Kubica dessine des personnages à la psychologie fine, épurés de tout ce qui est superflu. On assiste à un éclatement émotionnel que l’atmosphère du récit rend très froid. Et malgré cette distance, il est difficile de rester insensible face à ces personnages touchés par une discordance quasi ordinaire, par une brisure dans les rouages de l’habitude qui fait tomber les œillères et révèle les blessures profondes.
L’inconnue du quai reste dans un coin de mon esprit plusieurs jours après sa lecture. Le contenu s’étiole, mais certains détails restent très clairs, le malaise persiste. Cela me fait dire que ce thriller psychologique remplit parfaitement son office, celui de déranger, de questionner, de marquer.