Sevgi Soysal est née à Istanbul en 1936. Elle publie Tante Rosa en 1968 ce qui lui vaut la consécration littéraire, mais aussi la surveillance des autorités pour qui le texte est trop ouvertement féministe concernant les relations des hommes et des femmes et l'institution du mariage.
Cette Tante Rosa en effet tente par tous les moyens de gagner sa liberté et son indépendance. Nourrie aux idéaux de la revue "Entre Nous" et de ses textes à l'eau de rose, elle veut par dessus tout trouver l'amour, quitte à changer de mari plusieurs fois, quitte à abandonner ses enfants, quitte à errer de petits boulots en petits boulots. En 14 chapitres, 14 tranches de vie cubistes, le portrait d'une femme frondeuse se dessine, une femme pour qui la vie de femme au foyer et de mère ne sera jamais une évidence... Malheureusement, elle se heurte aux réalités sociales de l'époque, et rien ne semble lui réussir...
Si l'auteure dit s'inspirer ici - très librement - des vies de sa grand-mère, de sa mère et de sa tante dans l'Allemagne d'après-guerre, elle semble tout aussi déjantée que cette charmante tante : quand on lui demandait pourquoi elle s'était mise à écrire, elle répondait : "Je crois que le joint de mon robinet était usé, alors j'ai commencé."
U n beau témoignage décapant d'une prise de conscience fulgurante de la condition féminine !
Présentation de l'éditeur : Editions Intervalles
D'autres avis : Yves - que je remercie pour le prêt.
Tante Rosa, Sevgui Soysal, traduit du turc par Calire Simondin, Editions Intervalles, mars 2016, 110 p., 17 euros