Le siège d'Orléans (chapitre 5/5)
...Comme on entrait dans le saint temps de Carême, les vivres, amenées de Paris aux anglais d'Orléans par sir John Falstolf, se composaient surtout de harengs saurs qui, durant le voyage, avaient beaucoup pâti dans leurs caques défoncées. Les anglais nommèrent cette date " la journée des harengs ".
...Les orléanais étaient soucieux : s'ils veillaient à ce que l'ennemi ne pût entrer, ils ne découvraient aucun moyen de le chasser bientôt. Dans les premiers jours de mars, ils observèrent avec inquiétude que les anglais creusaient un fossé pour aller à couvert d'une bastide à l'autre. Ils essayèrent de détruire cet ouvrage, firent quelques prisonniers mais n'empêchèrent pas les anglais d'accomplir leur travail et devenaient désespérés quand tour à coup nait, s'étend, grandit une rumeur étrange. On apprend que par la ville de Gien a passé nouvellement une pucelle annonçant qu'elle se rendait à Chinon auprès du gentil dauphin et se disant envoyée de Dieu pour faire lever le siège d'Orléans et sacrer le roi à Reims.
Dans le langage familier, une pucelle était une fille d'humble condition, gagnant sa vie à travailler de ses mains, et particulièrement une servante. Si le terme était vulgaire, il ne se prenait pas en mauvaise part. Il s'appliquait à une fille sage, de bonnes vie et mœurs.
Cette nouvelle qu'une petite sainte d'humble condition, une pauvresse de Notre-Seigneur apportait secours divin aux orléanais, frappa vivement les esprits que la peur tournait à la dévotion et qu'exaltait la fièvre du siège.