Kerkennah, Tunisie, la quiétude, de belles plages de sable fin et des grains de sable, mais aussi de tous petits grains dans les rouages identitaires. Et quels grains de sable ! De ceux qui vous poussent à vous arrêter pour vous gratter !
Restons sur la beauté, celle des paysages, magnifiques, mais aussi celle de l’amitié qui lie Paul, célèbre peintre français en mal d’inspiration au modeste pêcheur Farhat et sa famille, et plus particulièrement ses enfants Issam et Ahlam.
Ahlam, أحلام, ce doux prénom qui signifie « Rêves » en arabe, mais dont l’auteur revendique le subtil jeu de consonnes qui le fait osciller entre « Halal » et « Haram » *licite/illicite
Paul prend les enfants sous son aile, ils sont doués pour la musique et la peinture, il compte bien réaliser son rêve grâce à eux : une œuvre unique et totale où s’enlaceraient les deux arts.
10 ans passent, c’est la chute de Ben Ali et ça commence à gratter... une lutte âpre, rêche, entre le monde de l’art et celui du spectre menaçant de l’islamisme voit le jour.Pourtant élevés de la même façon, Issam et Ahlam évoluent dans des voies opposées. L’actualité est omniprésente, mais présentée sous une trame élégiaque, Trévidic nous mène peu à peu vers la descente aux enfers de cette famille. L’histoire va les attraper, la Tunisie va connaitre son printemps, sa révolution du Jasmin, fleur qui n’embaume pas comme on aimerait…Alors qu’Ahlam se rebelle dans une Tunisie conservatrice, Issam se fait embrigader par les extrémistes, par leur effrayante logistique et monstrueuse organisation.Un bel hommage aux femmes des pays arabes qui luttent sans cesse pour leur liberté. Trévidic a gagné le pari de conjuguer amitié, amour et politique
Je n’en dis pas plus, à part que c’est un livre à lire.Editeur: LattesDate de parution: 6 janvier 2016324 pages