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L’European Food Safety Authority(EFSA), qui effectue des évaluations de risque scientifique pour l’UE et conseille la Commission européenne, a annoncé dans un communiqué qu’elle voulait à nouveau se pencher sur de nouvelles preuves scientifiques liées au Bisphénol A (BPA) avec un groupe de travail composé d’experts internationaux. L’EFSA avait publié l’an dernier une réévaluation du BPA suite à une consultation publique concluant que le produit chimique ne posait "aucun risque pour la santé des consommateurs de n’importe quelle tranche d’âge, au niveau d’exposition actuel". L’agence avait toutefois abaissé ses recommandations de dose journalière tolérable (DJT) de 50 microgrammes par kilogramme de poids corporel et par jour à quatre microgrammes.Des effets très toxiquesLa réévaluation entamée par l’EFSA fait suite à une demande du ministère de la Santé néerlandais. En effet, le BPA est l’un des produits chimiques utilisés dans la fabrication des matières plastiques, des résines. Il se trouve facilement dans les objets du quotidien, comme les couverts, les bouilloires, les machines à café, les mixeurs, les emballages alimentaires et les bouteilles. Il aide aussi à préserver la saveur des aliments et les protège contre la contamination de micro-organismes. Si le BPA est regardé à la loupe depuis des années, des craintes ont resurgi sur sa dangerosité. Les systèmes reproductif, nerveux, immunitaire, métabolique et cardiovasculaire sont clairement et directement impactés. Le produit est aussi à l’origine de cancers. Sa perniciosité a été débattu dans plusieurs États membres. La Suède, le Danemark et la France restent inquiets sur son utilisation.Interdictions atténuées ?Le 1er janvier 2010, le gouvernement français a interdit l’utilisation du Bisphénol A dans les produits en contact direct avec la nourriture destinée aux bébés et aux jeunes enfants. Cette interdiction a été généralisée à l’ensemble de l’UE au mois de janvier 2011. Depuis le 1er janvier 2015, la France a introduit une nouvelle loi interdisant son utilisation dans tous les emballages alimentaires. Il y a une semaine, des chercheurs danois ont critiqué les nouvelles recommandations au regard des Doses Journalières Tolérables (DJT) de l’EFSA, soutenant que les limites de sécurité étaient trop élevées. Lors d’expériences sur des rats de laboratoires, des chercheurs de l’Université technologique du Danemark ont découvert que l’administration desdites doses faibles ou modérées pouvaient entraîner une baisse de la qualité du sperme, un surpoids notoire ou un mauvais développement des seins. "Nos études étayent d’autres études qui affirment qu’il faut renforcer les niveaux de sécurité du Bisphénol A pour éviter les effets néfastes de ce produit chimique sur les hormones", a déclaré Ulla Hass, responsable de la recherche universitaire sur la chaîne de télévision publique DR1."Des toxicologues, des scientifiques sont unanimes, certains composés chimiques comme le BPA affectent les personnes de manière différente; certains sont exposés à des risques avec des doses très faibles, alors que d’autres ne courront aucun danger même face à de très fortes doses". Cela remet en question la manière dont les scientifiques étudient les produits chimiques et leurs effets, a-t'elle souligné. AF