L'auteur, Irvin Yalom est un psychiatre américain qui enseigne dans la fameuse Université de Stanford et qui écrit des romans qui tournent autour de la psychothérapie.
Vous le connaissez peut-être grâce au documentaire "Irvin Yalom: la thérapie du bonheur" qui est sorti en 2014 (que je n'ai pas encore vu).
Dans "Et Nietsche a pleuré", Irvin Yalom nous raconte la rencontre entre Josef Breuer (l'un des fondateurs de la psychanalyse avec Freud, qui a expérimenté la cure par la parole avec différents patients), et Nietsche, le fameux philosophe. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'ai fait quelques recherches sur internet et que j'ai appris que cette rencontre entre Freud et Nietsche n'avait jamais eu lieu!
Je m'étais faite blouser, tant le déroulement de l'histoire, des séances, des détails historiques, étaient crédibles! D'ailleurs, j'ai interrompu ma lecture pendant environ deux mois alors que tout me plaisait!
La petite déception étant passée, je me suis remise à mon roman en me laissant porter au fil des rencontres entre les deux personnages principaux, finalement aussi torturés l'un que l'autre.
L'histoire
démarre à Venise, en 1882, lorsque Lou Salomé (encore un
personnage illustre et réel de l'époque) vient consulter le Dr
Breuer pour lui faire part de son inquiétude face aux idées noires
de Nietsche, philosophe torturé encore méconnu.
La
belle Lou Salomé, femme libérée, extravagante et érudite
(écrivaine et psychanalyste) vivait un ménage à trois avec
Nietsche et le philosophe Paul Rée, qu'elle a fini par choisir,
causant ainsi le désespoir de Nietsche.
Josef
Breuer et Lou Salomé inventent alors tout un stratagème pour
pousser Nietsche, méfiant par nature et refusant toute expression
d'émotions (qu'il associe à de la faiblesse), à le
consulter.
Et évidemment, nous découvrons Nietsche, déjà philosophe et enseignant, mais totalement méprisé par ses pairs. Personnage réfractaire à toute émotion, à toute expression des sentiments, totalement déprimé, faisant parler son corps à coups de maladies et de migraines handicapantes.
Très rapidement, on se rend compte que les deux hommes ont beaucoup plus de points communs qu'ils ne le pensent. Qui analyse qui ? Qui remet en qui question ? Voilà le piège dans lequel Breuer se retrouve en pensant contrôler son dispositif atypique...
J'ai également pris plaisir à rencontrer le jeune Sigmund Freud, encore étudiant en médecine et ami de la famille Breuer, qui souffle quelques idées pour le suivi de Nietsche, tout en construisant sa théorie de l'inconscient.
J'ai beaucoup aimé ce livre, même si ma lecture a été longue et entrecoupée de moments où je lisais autre chose.
Irvin Yalom réussit à merveille ce tour de force de prendre des personnages qui ont existé tout en leur recréant une autre réalité tout à fait plausible. Il réussit à nous embarquer au coeur de l'invention de la psychanalyse, nous faisant participer à l'histoire (avec un grand H). Et il nous emmène au sein de l'intime relation entre un thérapeute et son patient. Le tout avec légèreté et humour!
Petit bonus: voici la fameuse photo évoquée dans le roman, bien réelle, tout comme l'histoire atypique du trio: Pour conclure, je dirai que "Et Nietsche a pleuré" est un très bon roman où il est question d'amitiés, de trahisons, de confiance, de thérapie, d'histoire de la psychanalyse, de philosophie, mais aussi de réflexions sur la mort, la dépression, la vie, le couple, ou l'amour.
Je le conseille à tous ceux qui aiment l'univers psy, à ceux qui se questionnent sur les mécanismes de la relation patient/thérapeute, aux lecteurs de Nietsche et de Freud, aux philosophes en herbe! Et vous, connaissez-vous cet auteur ? Avez-vu lu un livre de ce genre ?