La critique de Claude :
« Alain Decaux raconte…. »
Certains de notre génération, entre 1969 et 1987, n’auraient jamais manqué l’émission mensuelle d’Alain Decaux.
Pour beaucoup d’entre nous, ce moment d’histoire, avec son complément théâtral « La caméra explore le temps » de Stellio Lorenzi, a déterminé des vocations d’historiens, alors que les tortueuses réformes officielles de l’Education nationale destructuraient notre compréhension de l’histoire.
Dans cet ouvrage, Perrin a rassemblé en 2000 quatre récits dramatiques d’Alain Decaux, sur les dernières semaines de Darlan, Pucheu, Pétain et Laval.
Quelle que soit la sévérité du jugement que l’on peut porter sur les actes de chacun d’entre eux (l’armistice de capitulation, la collaboration avec les Nazis, le statut des Juifs et leur déportation vers les camps de la mort, la répression des résistants dans les maquis), il n’en reste pas moins que leur face-à-face avec la mort donne lieu à un récit essentiel.
Est aussi plein de sens le face-à-face avec le déshonneur que vivent ces quatre personnages : constamment, les quatre accusés cherchent à se justifier, en expliquant pourquoi leur politique « a épargné pire encore à la France ».
A une époque encore proche des faits historiques, les téléspectateurs d’Antenne 2 ont bénéficié de recherches très professionnelles, dont le résultat a été exprimé avec clarté. Ainsi, on peut savoir aujourd’hui, en lisant ce texte, qui a vraiment donné l’ordre d’assassinat de l’Amiral Darlan, et qui a organisé le jugement expéditif du jeune résistant Bonnier de la Chapelle, qui s’est sacrifié pour l’éxécuter.
Par son travail de recherche de témoignages comme de documents, Alain Decaux réussit à démêler les écheveaux que sont la situation en Afrique du Nord française au moment du Débarquement américain de novembre 1942, l’enlèvement par les Nazis de Pétain et Laval en aout 44, ou la fuite de Laval vers l’Espagne.
Il exprime tout cela de façon simple et claire, comme il savait si bien le faire.
Morts pour Vichy, 4 récits d’Alain Decaux, édité chez Perrin, collection Tempus, 475 p., 11 euros (première édition en 2000