Du 4 au 29 mai 2016. - Vernissage mercredi 4 mai à 16h00
Visite en présence de l'artiste jeudi 5 mai à 15h30
Guillaume Herbaut, cofondateur du collectif l'OEil Public devenu par la suite une agence de photographie, a rejoint Institute en 2011. Parallèlement à des commandes pour la presse, son travail documentaire le conduit dans des lieux chargés d'Histoire dont il interroge les symboles et la mémoire afin d'en révéler les drames invisibles : Tchernobyl, Auschwitz, Nagasaki, etc. et plus récemment le conflit en Ukraine.
L'Ukraine est un marqueur important dans le parcours photographique de l'artiste Guillaume Herbaut qui, profondemment marqué par la catastrophe de Tchernobyl, a cherché à réinventer ses propres règles du reportage. Abandonnant son travail photographique jusqu'alors essentiellement en noir et blanc pour la couleur, l'artiste souhaite ainsi s'ancrer dans la réalité et aborde, pour cela, cette catastrophe par le quotidien en bannissant l'anecdotique et en photographiant simplement les gens et les choses à travers des prises de vues frontales. Son ambition est de permettre à ses photographies plusieurs niveaux de lecture en créant une grammaire liant ces images, tout en laissant la liberté d'interprétation au regardeur. Son exposition photographique dévoile ainsi une double volonté : parler d'un drame humain et s'interroger sur la manière de faire du photo-journalisme.
" Les images ont été faites accompagnées d'un radio-métre mesurant la radioactivité en micro rem en gardant à l'esprit qu'une radiation normale se situe entre 10 et 20 micro rems et qu'au-delà il est dangereux de vivre ou de s'aventurer dans ces zones. D'après la commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité, certaines portions de terrain devraient attendre plus de 6000 ans pour retrouver une radioactivité normale. Pourtant, la nature a repris le dessus sur la " machine ". Une nature d'un nouveau genre, sauvage, mais terriblement dangereuse. On ne peut plus s'allonger dans l'herbe, toucher des fleurs ou porter une brindille à la bouche. On la regarde comme un décor. Beaucoup d'anciens habitants de Pripiat vivent aujourd'hui à Kiev, dans les quartiers périphériques d'une Ukraine désormais souveraine. Ils ont été relogés quelques jours après la catastrophe. Vivant entre eux, les " tchernobylsty ", forment une sorte de ghetto, scellé par le souvenir, la maladie, la misère et la mort d'un être cher. "
Guillaume Herbaut
Guillaume Herbaut se rend régulièrement en Ukraine - 2004, la révolution Orange et le Donbass, le retour des cosaques, symboles d'une identité ukrainienne - 2008, la Crimée et ses tensions intercommunautaires.
Des séries de reportages, comme un puzzle qui le préparait, selon ses propres mots, à suivre la révolution Maïdan et la guerre. L'histoire de ce pays lui a permis d'explorer différentes narrations, de casser des repères pour au final se remettre dans l'actualité et réfléchir sur le photojournalisme aujourd'hui.
" Par ce pays, je suis passé du photojournalisme classique en noir et blanc, à une photographie documentaire qui relate le drame invisible d'une catastrophe nucléaire. En 2001, dés les premiers instants je me suis senti lié à ce territoire. Les couleurs me rappelaient celles de mon enfance. Les gens m'acceptaient dans leur quotidien. Je découvrais la zone interdite contaminée, un monde parallèle, un rapport au réel différent, une interrogation sur la manière de photographier les traces de l'Histoire.
A l'image de la contamination en tâches de léopard de Tchernobyl, l'Ukraine est partagée actuellement en différentes zones : des zones contaminées, des zones de guerres, des zones de paix comme un miroir du futur de nos sociétés. Une raison qui me pousse à continuer."
Guillaume Herbaut