Qui n'a jamais rêvé d'être aussi grand qu'une petite souris pour voir son enfant à l'école, l'observer avec ses copains, sa maîtresse, assister, en spectateur bienveillant à ce qui nous échappe ordinairement. Evidemment, moi aussi j'ai rêvé de les regarder, ces jours de rentrée, au milieu de tous ces petits, mais je n'aurais sans doute pas géré l'émotion de le voir un peu seul, beaucoup en retrait, apeuré.
Le concept de la "défusion" a été très très long à intégrer pour Ernest, alors autant vous dire que je préférais ne pas le voir pleurer une heure, voire deux, assis sur un banc, à refuser un simple verre d'eau, quand il allait à la garderie la première année de maternelle. (Aujourd'hui il y va avec plaisir mais nous ne prononçons plus le mot "garderie" puisqu'il goûte et joue avec ses copains mais n'y va pas, bien sûr que non !)
Ce que j'aime le plus, ce sont ces surprises que nous réservent nos enfants, quand ils commencent à vivre des choses en-dehors de la sphère familiale, quand ils deviennent des enfants plus autonomes, quand leur identité se construit, au-delà de nos apprentissages. Quand Ernest rentre de l'école, lui qui ne raconte jamais, mais alors jamais rien, et qui nous parle un soir, à table, d'Andy Warhol, Picasso et Marylin Monroe.
J'aime observer cette attirance pour les jeux qui se transforme en passion pour les échecs et incite mon grand à participer à deux tournois, samedi et dimanche, oubliant tout : le temps qui passe, les autres loisirs et projets et invitations...
Que c'est bon de les voir connaître d'autres engouements, développer des attirances, devenir des petits garçons en dehors de nos propres personnalités, de nos passions, de nos envies et désirs.