Agnès Sorel est un mythe tout autant qu'un nom, un personnage qui a croisé le destin de grands hommes et qui a fait du sien quelque chose d'exceptionnel. Je me suis enfin plongée dans l'histoire de cette femme qui a non seulement été la favorite du roi, mais également sa conseillère et une unificatrice du royaume de France, une fondatrice de notre pays tel que nous le connaissons aujourd'hui.
J'avais dans ma bibliothèque un ouvrage que j'avais feuilleté (Pascal Dubrisay, Agnès Sorel, Dame de Coeur et de Beauté) mais pas encore lu dans le détail. C'est maintenant chose faite. J'y ai appris plein de choses sur Agnès et j'ai découvert que j'avais croisé son chemin plusieurs fois sans le savoir. D'abord, dans le Berry, où le roi Charles VII régnait à l'époque de leur rencontre, le nord du territoire étant occupé par les Anglais et ravagé par la guerre. La cathédrale de Bourges était en quelque sorte sa chapelle personnelle. Modeste, Charles ! Le Berry, c'est aussi le domaine du célèbre Jacques Coeur, l'Argentier du roi, le commerçant sans frontières qui a posé les bases des premiers échanges internationaux à grande envergure, et ce bien avant les grandes découvertes, et qui s'est fait bâtir un palais à l'échelle de sa puissance. Ami d'Agnès Sorel, Jacques Coeur sera accusé de l'avoir empoisonnée, sans doute à tort. La Dame de Beauté, du nom du château dont le roi, fou amoureux d'elle, lui avait fait cadeau et qui se situe non loin de celui de Vincennes (là aussi, lieu que j'ai souvent fréquenté), est en effet morte très jeune, volontairement ou involontairement empoisonnée, on y revient. Ensuite et surtout, l'endroit où les amants ont vécu les plus belles heures de leur histoire d'amour, c'est le château et la ville royale de Loches, en Touraine. Il y a bien longtemps, j'avais visité le château et son donjon et bien sûr entendu prononcer le nom d'Agnès Sorel, sans approfondir la question. Maintenant, je comprends la fascination que la belle dame suscite encore dans la région. Rien à voir avec la maîtresse passagère d'un roi frivole. Agnès a révolutionné la mode, cassé les règles et fait entrer la femme dans un rôle politique et social prépondérant. C'était loin d'être une écervelée. Elle était certes belle, mais également très intelligente, clairvoyante, et possédait un esprit aiguisé et aiguillé vers une seule direction : faire de la France un pays uni et puissant. Et malgré ses décolletés plongeants qui faisaient frémir la cour, d'envie ou de jalousie, c'était une femme très pieuse, soucieuse de son prochain. En résumé, Agnès était quasi parfaite. L'archétype de la femme moderne, quoi ! Comment alors ne pas l'admirer et comment ne pas se laisser captiver par les mystères qui l'entourent ?
Ici, des images de la belle ville de Loches:
Car c'est au moment de sa mort à Jumièges, en Normandie, que commence une enquête passionnante. D'abord sur le destin de sa dépouille : plusieurs fois changée de place, dont des cheveux et des dents lui ont été enlevés et que l'on s'est distribué comme de véritables reliques. Puis sur la cause précise de son décès. Empoisonnée au mercure, on le sait maintenant, depuis qu'en 2005 ses restes contenus dans l'urne funéraire ont été étudiés à la loupe par des scanners, des chercheurs et des médecins. En revanche, ce qu'on ignore encore, c'est si cet empoisonnement fut volontaire ou pas. A l'époque, plusieurs raisons auraient fait qu'Agnès se soit vue administrer d'importantes doses de mercure :
- elle était enceinte et allait accoucher (d'un enfant prématuré qui n'a pas survécu et dont on retrouve des ossements dans l'urne funéraire) et le mercure servait à et à faciliter l'enfantement,
- elle souffrait d'une maladie, caractérisée par la présence de vers plus ou moins longs (berk !) dans son appareil digestif, et dont seul le mercure pouvait calmer les douleurs
Alors, mauvais traitements médicaux, surdose de mercure ou assassinat ? Le mystère plane encore, mais les raisons d'ourdir un complot contre elle étaient légion. Agnès était quand même la femme à détrôner, la reine sans couronne à laquelle le roi obéissait au doigt et à l'oeil ! Après la fin de ma lecture, je suis allée acheter pour deux euros et des poussières le replay de Secrets d'Histoire qui lui était dédié et j'ai revu le château de Loches, la cathédrale de Bourges et le palais Jacques Coeur. Après tout ça, je comprends mieux la fascination qu'exerce encore Agnès sur nos contemporains et je me sens moi-même convertie à cet élan d'admiration collectif pour la Dame de Beauté.