C’est un club très fermé et limité en nombre. Les adhérents sont, selon les circonstances, plus ou moins partiellement reconduits tous les six ans. Les président(e)s des régions qui le composent ne connaissent pas les barrières idéologiques quand il s’agit de leurs légitimes indemnités. A aucun moment dans leur communication électorale, les candidats n’évoquent cette question. Dans la vraie vie, celle des salariés et des travailleurs, la question de la rétribution est concomitante à l’entretien d’embauche. Solliciter une charge élective auprès des citoyens ne s’accompagne nullement du dévoilement des prétentions indemnitaires.
La nouvelle Miss BFC (Bourgogne Franche Comté), encore toute engourdie de sa récente éclosion au rang de patronne régionale avait demandé en étirant ses nouvelles ailes que soit vite votée une petite rallonge à ses émoluments. Rien de bien gravissime puisque la loi le permettait. Et ce serait mal venu de ne pas respecter la loi. Voilà, désormais que le nouvel hobereau de la région si joliment nommée Hauts de France emboîte le pas à Miss BFC. L’argumentation est la même. C’est légal donc possible. Pas besoin de s’éterniser, la loi est là. Affaire suivante ! Lui, il joue plus malin. Aidé par des voix hostiles aux idées brunes, il dit d’abord que sa nouvelle condition de rassembleur lui donnait de la hauteur. Il avait d’ailleurs amorcé sans panache une anaphore qui avait fait mouche : « Moi président de région, je ne cumulerai pas et je serai irréprochable ». Les candides le crurent sans barguigner. Il prit son temps et de bonnes décisions. L’une d’elle emporte notre admiration. Elle consista à augmenter sa rétribution de manière à atteindre 9236 euros, bruts, il est vrai. Le Canard enchaîné (N° 4980) apporte cette précision. Rien de bien gravissime, puisque légal.
A armes légales, c’est l’éthique minimale du politique qui s’est dissoute. La loi est extérieure au citoyen. On l’approuve et on s’y tient. C’est un des principes de la citoyenneté bien tempérée. Cela est rappelé régulièrement aux collégiens et aux lycéens dans les heures de formation à l’éducation civique. L’éthique procède de l’individu. C’est intime, donc c’est sans doute selon eux réservé aux soirées au coin du feu. Pas correct qu’un pékin moyen tente de soustraire une information confidentielle. Aucun électeur n’a, pour l’instant, eu l’outrecuidance de demander à son candidat préféré comment il agirait face aux tentations. On a désormais la réponse pour les deux. Dans leur imaginaire social, l’éthique ne concerne pas ceux qui gouvernent. C’est un truc de grincheux. On se remettra de ces manquements au respect des citoyens en reconnaissant que Miss BFC et Hobereau du nord, que Le Canard Enchaîné nomme « notre grand méritant », jouent vraiment petits bras comparativement au PDG de PSA. Mettre en avant la légalité pour justifier de décisions avantageuses écorne furieusement l’égalité républicaine. Il est devenu naturel qu’élus et citoyens ne partagent pas les mêmes valeurs.