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Le grand pari de Roland Ries sur l'eurodistrict Strasbourg-Ortenau

Publié le 15 juin 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Dimanche, 15 Juin 2008 22:40

Passer   de la coopération à la codécision entre les deux rives du Rhin

Intéressant ce débat entre le Dr Günter Petry, le maire de Kehl et Roland Ries, le sénateur-maire de Strasbourg, organisé samedi à la salle Blanche de la Librairie Kléber de Strasbourg. Intéressant parce que révélateur du nouvel esprit qui souffle sur la perspective de l'eurodistict Strasbourg-Ortenau dont Roland Ries a fait l'une de   ses priorités.

Pétry et Ries se connaissent bien, s'apprécient mutuellement et ont du socialisme moderne une vision pragmatique et moderne.

Dans la crise de la social-démocratie européenne leurs expériences et leurs réussites locales peuvent ouvrir des pistes de réflexions et d'actions salutaires.

Dans la crise existentielle que connaît l'Union européenne, la réussite de leur projet d'un Eurodistrict qui améliorerait la vie quotidienne des habitants de l'agglomération binationale qui a le Rhin comme « fleuve traversant » peut servir de leçon : « Quand il y a crise au sommet, il faut trouver des solutions à la base. L'Europe est aussi une affaire locale ». Ce n'est pas à Relatio europe que l'on va dire le contraire... « il faut innover à partir du local »

Le maire de Strasbourg ne situe pas dans la perspective d'une extraterritorialité, comme certains l'ont dit trop vite et trop mal. Il est suffisamment réaliste et il connaît les lois des Républiques françaises et allemandes pour ne pas tomber dans des excès de vocabulaire. Il sait aussi que la construction d'une Europe unie, y compris localement, ne consiste pas à supprimer les frontières mais à les transcender. Mais il place la barre haut. Et il a raison.

Il s'agit de dépasser la classique coopération transfrontalière, de sortir du droit commun de la concertation bi-nationale pour aboutir à une véritable co-décision sur toute une série de sujets qui concernent  la vie quotidienne des habitants et qui sont déterminants pour l'avenir de cette région qui a tout pour devenir un « vrai territoire européen »

Les modalités juridiques restent à définir, les champs de compétences sont encore à découper, les projets communs doivent encore être précisés. Logique. Roland Ries a ses propres idées et énumère bien des sujets : la mission européenne de Strasbourg, les foires, le tram-train, les aéroports, les hôpitaux, le développement de l'apprentissage de la langue du voisin, des événements culturels communs, des initiatives communes....

Mais c'est en amont, donc maintenant, que les citoyens doivent faire part de leurs propres propositions.

« Nous n'allons pas proposés un projet clefs en mains, tout ficelé. Il s'agit de libérer les imaginations, de recueillir les idées et suggestions, de donner au concept d'Eurodistrict contenu, substance, consistance. Sans avoir peur d'innover. La volonté politique est là. On ne va pas continuer à faire des planifications séparées par les frontières.

On doit trouver des solutions aux problèmes concrets des citoyens et on doit jouer gagnant-gagnant. Nous réussirons si de chaque coté du Rhin on a conscience que les retombées positives de cette démarche seront partagées. Nous avons l'occasion de faire ici des innovations sans précédent et sans exemple. Tout ne se fera pas du jour au lendemain, mais notre volonté d'entreprendre ne fait aucun doute. J'accepte que l'on qualifie ma vision d'utopique, mais l'utopie sert à rendre possible ce qui semble impossible », a dit en substance Roland Ries qui tient à répéter qu'il est le « maire de tous les strasbourgeois »

Ses propos ont été plus qu'approuvés  par Günther  Petry qui constate l'urgence de mettre en place des structures  permettant de surmonter les difficultés qui naissent des systèmes politiques, administratifs et juridiques différents. « Plus les gens sont nombreux à traverser le Rhin, et plus ils le traversent dans les deux sens, plus on remarque ce qui ne marche pas, marche mal ou pourrait mieux marcher. Ce sont les citoyens qui doivent être les grands bénéficiaires des innovations en préparation » 

William PETITJEAN

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La Gauche et l'Alsace, par Roland Ries

Ce débat dans la salle blanche fut l'occasion de reparler du livre de Roland Ries sur « L'Alsace et la gauche » (éditions Verger) dont Relatio avait parlé au moment de sa parution. Nous reprenons  ici ce qu'en écrivait Daniel Riot le 04/08/2007 

La gauche en Alsace ? Que les prisonniers de stéréotypes ne sourient pas. Elle a existé, elle existe...et elle existera davantage encore si elle apprend à devenir ce qu'elle aurait du être : un laboratoire et une illustration de la gauche européenne éclairée, et non un appendice de la gauche nationale ringardisée, sclérosée, prisonnière d'archaïsmes hérités du début du XX ième siècle, autant dire de la préhistoire de notre ère.

La gauche, Roland Ries la connaît, la pratique et tente de la sortir de ses ornières.

L'Alsace, Roland Ries  l'aime et la comprend .Et il  voudrait la faire sortir de quelques tics, « syndromes » et autres complexes cultivés qui l'empêchent de « devenir davantage elle-même » : un sens de la victimisation qui fausse l'affirmation de soi, une pusillanimité qui altère une légitime fierté, un goût de la déférence qui défigure la conscience de ses différences, bref un regard sur soi et sur les autres  qui pourrait mieux marier « identité » et « modernité »...

« L'Alsace et la gauche », Roland Ries en a fait un livre, simple mais pertinent, sans prétention mais opportun,   qui mérite d'être lu et vaudrait d'être sérieusement débattu. A gauche, bien sûr, mais pas seulement...

D'ailleurs, ce qu'il écrit sur l'Alsace, cette terre qui depuis toujours a la vertu de « fabriquer des Alsaciens » (le franc-comtois de naissance que je suis en sait quelque chose) ne vaut pas que pour cette région.

« L'escargotisme », comme dit si bien Tomi Ungerer, n'est pas qu'alsacien. L'art de rêver une Europe « à sa propre image » non plus. Et le « mol oreiller » bourré de « visions lénifiantes » pour bonne conscience trop facilement acquise non plus.

L'Histoire, ici plus que dans maints endroits, explique bien des choses. Rien n'est à oublier. Non par « devoir de mémoire », mais par intelligence et réalisme. Mais on ne conduit pas en ayant les yeux fixés sur le rétroviseur. Ce rétroviseur qui entraîne non un conservatisme, comme on le pense trop « à l'intérieur », mais une amputation du champ de vision : L'Alsace, en dépit de la rhétorique de trop de responsables politiques, éprouve des difficultés à vivre à 360 degrés. Et à oser « voir grand »...

Cette politique trop souvent menée comme pour une « maison de poupées » nous fait souvent confondre « salle d'attente » et « bureau ». Elle nous fait surtout (faiblesse bien humaine très marquée ici) allumer des feux d'artifice d'autosatisfaction pas toujours justifiés quand nous réussissons et nous user dans la quête d'excuses et de  responsables d'« ailleurs » (de Paris, surtout) quand nous échouons... Un « lamento » trop entretenu par trop d'élus (et de média locaux)

Roland Ries a raison de faire appel a Keynes : « La difficulté n'est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d'échapper aux idées anciennes »... Comme il a raison de rappeler l'actualité des messages de Schickelé (oublié ou caricaturé) : «Le pays entre Forêt Noire et Vosges   est le jardin commun dans lequel les esprits allemand et français se développent sans entraves, se renforcent l'un l'autre et élaborent des œuvres communes, les nouveaux symboles de l'Europe ».

Il   s'agit évidemment  moins  de rêver d'une Europe alsacienne  que  d'européaniser l'Alsace... Et de désenclaver quelques têtes politiques. Tout peut arriver, surtout le meilleur. Keynes (encore) : «L'inévitable n'arrive jamais, l'inattendu toujours »

Daniel RIOT

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