Respirer, invisible poème.
Toujours autour de moi,
d’espace pur échange. Contrepoids
où rythmiquement m’accomplit mon haleine.
Unique vague dont je sois
la mer progressive ;
plus économe de toutes les mers possibles, —
gain d’espace.
Combien de ces lieux innombrables
étaient déjà en moi ? Maints vents
sont comme mon fils.
Me reconnais-tu, air, encore plein de lieux miens tantôt ?
Toi qui fus l’écorce lisse,
la courbe et la feuille de mes mots.
***
Rainer Maria Rilke (1875-1926) – Sonnets à Orphée (1922) – Traduit de l’allemand par Maurice Betz