Sur le rythme j'impulse...

Par Pandora

Un avant goût de vacances pour moi...
    Photo de Jacques Vanderstraeten
Tout est dans ma tête, je suis un vrai juke-box ambulant. Si j’avais joué d’un instrument, je suis sûre que j’aurais eu l’oreille absolue, j’en ai la certitude absolue. Et ce n’est pas du pipeau ce que je vous chante là. J’ajuste le rythme de mes pas à celui de ma respiration, j’ajuste le rythme de ma respiration à celui de mes musiques, j’ajuste le rythme de mes musiques à celui de ma volonté. J’irai en haut, je le sais, je le veux. Je suis mon auto-métronome.

Je me joue ma propre mélodie au tempo hypnotique, une mélopée monotone, un passage joué en boucle, les seules paroles dont je me souvienne : « La meilleure façon de marcher, c’est encore la mienne. Un pied devant l’autre, c’est pas compliqué »… C’est très compliqué. Une deux, une deux. Je chante à tue tête… dans le silence de ma tête. L’avantage c’est que cela permet de garder son souffle, et j’en ai besoin dans cette ambiance de montagne où chaque pas me coûte.

Dieu que c’est haut.

Les bolides italiens qui m’ont dépassée un peu plus bas, sont à l’arrêt assis sur une pierre. Accélération, arrêt, accélération… Un rythme qui n’est pas le mien, il n’est pas adapté à mon moteur diesel… Qui va piano va sano. Je continue à mon tempo, sur le rythme j’impulse, un pas puis un autre. Un pas puis le suivant. Ne pas me poser de questions, ne pas regarder en arrière : « Non, je ne regrette rien, rien de rien… ». Changement de disque.

D’autres marcheurs me dépassent car je suis désavantagée avec mon permis Super Lourd, la prochaine fois je tenterai l’ascension en Véhicule Léger, quand j’aurai perdu ces satanés kilos en trop… Je faiblis, mon moteur hoquète. Plus que quelques mètres et je suis en haut. J’ai ralenti la cadence, j’ai ralenti le tempo, mes noires sont désormais aussi longues que des blanches. Il n’y a plus d’oreille musicale qui tienne. Je passe à la musique sans parole, la musique tribale avec les battements de mon cœur qui frappent dans mes oreilles, un tam-tam rapide et entrainant. Me laisser griser par la musique pour couvrir les derniers et ultimes mètres.

Le sommet est là, le comité d’accueil aussi. Les claps claps de mes amis couvrent le tam tam de mon cœur. Kala pattar me voilà !
NB: Kala Pattar veut dire "pierre noire" et du sommet du Kala Pattar on a une vue magnifique sur le mythique camp de base de l'Everest...
  [Texte écrit pour les impromptus]