Donner des cours de cake design: réflexions autour du prix des cours…

Par Latelierpatasucre

Hello,

En France, c'est culturel, on a du mal avec l'argent: l'argent, c'est sale. En demander: la honte, en avoir: la honte aussi, en gagner veut aussi dire se taire et quelqu'un en a ? On dira plus facilement que c'est un friqué, plutôt que de penser " il a ramé, mais si il l'a fait, je peux le faire ".
J'aime la France, mais sur ce point particulier, il suffit de passer 15 jours au Danemark ou aux USA pour se rendre compte qu'on a un soucis.

Du coup, quand il s'agit de vendre (des cours de pâtisserie ou de cake design), comment fixer un prix correct ?

Ne nous leurrons pas, il n'y a pas de formule magique, vraiment. Et dire le prix de tel atelier, c'est environ tant, ça a presque autant de sens que dire " un appartement ça vaut XXX euros.. " (quel ville, quel quartier, quelle superficie, neuf ou ancien, vendu meublé ? Viager ? ).
Aussi, je m'abstiendrais bien de commenter les pratiques en vigueur sans savoir ce qu'il y a derrière (enfin quoique...) mais plus utile, j'espère, je voulais vous faire part de quelques réflexions si vous devez fixer le prix de vos ateliers.

1) Tirer systématiquement les prix vers le bas n'a JAMAIS été une stratégie pérenne et intelligente

Là c'est la Livy " école de commerce " qui parle mais c'est surtout du bon sens. Systématiquement se placer moins cher que la concurrence, juste par espoir d'attirer plus de monde est parfaitement compréhensible sauf que si tout le monde fait ça, à terme, personne ne se rémunère. Si l'atelier est moins cher, il faut faire du volume pour compenser les pertes, qui dit plus de volume, dit plus de charges variables, plus de boulot, plus de fatigue (qu'il faudrait chiffrer, on aurait de belles surprises) et souvent donc, moins de revenus. C'est ballot !! Se brader, c'est ballot..
Je ne nie pas qu'il existe " une place de marché " mais attention aux comparaisons hâtives car..

2) Il faut savoir exactement ce que l'on propose...

Soit honnête avec toi même: est ce que tu proposes juste des trucs et astuces en passant, ou bien s'agit il de vraies solutions valables toute une vie. Car la valeur n'est pas la même, le coût non plus et les élèves non plus 😉 .

Il est indispensable, de faire comprendre que dans le prix de l'atelier se cache une accélération de la courbe d'apprentissage, et l'acquisition de techniques qui serviront toute une vie (donc un beau retour sur investissement de la part de n'importe quel élève). Si je prends mon cas, pensez vous que, 6 ans plus tard, je n'ai pas laaaargement amorti le premier cours que j'ai pris, quelque soit son prix ? Bah si, et je dirais même qu'il n'était pas assez cher quand je vois où j'en suis aujourd'hui.

3) Oser afficher son prix

Je n'ai jamais compris les gens qui proposent des ateliers mais n'en communiquent pas le prix genre " envoie moi un MP ": c'est par peur du jugement porté et/ou du fisc ? Si tu sais ce qu'il y a derrière tes cours, normalement, tu n'as aucun problème pour les vendre au prix. A moins que ce soit le travers culturel dont je parlais en intro. Charge à toi de savoir expliquer et justifier ce prix. Avec les bonnes explications/ justifications tes ateliers trouveront plus facilement preneur. N'aie pas honte.
Un atelier trop peu cher ne trouvera pas systématiquement son marché : je suis certaine qu'il existe des choses tellement nulles que même gratuites, personne n'irait. A l'opposé, à une valeur (élevée), les élèves associent des exigences: à toi d'y répondre. Et bien sûr, expliquer ton prix, ce n'est pas pareil qu'expliquer pourquoi la voisine est plus chère ou moins chère, ça, ce n'est pas élégant.

4) Si vraiment ta préoccupation est de faire du petit budget pour être accessible à plus de monde

A ce moment là, fait-le intelligemment. Comme je disais dans le 1, des prix bas systématiquement, ce n'est pas viable. En revanche de manière ponctuelle, proposer un atelier moins cher que les autres peut s'avérer intéressant si tu t'en sers comme produit d'appel. Je m'explique.

Je ne suis pas en train de te dire de faire de la m**** , de bâcler le truc, et de prendre 15 élèves en même temps. Je suis en train de te dire de réduire le contenu des cours aux strictes bases et de réduire la matière première que tu utilises pour que le cours te coûte moins cher et qu'il soit moins long.

5) Au final : la concurrence, le coût, la valeur, toi... comment trouver un juste équilibre par rapport à ce qui se fait.

Il n'y a pas 50 solutions:
- Soit tu es moins cher(e )que le marché. Pas tant pour attirer plus de monde, mais parce que tes ateliers " valent " moins pour telle ou telle raison.
- Soit tes ateliers sont au prix du marché : parce que c'est ce qu'ils valent tout simplement !
- Soit tes ateliers sont au dessus des prix du marché, mais à toi de savoir expliquer ce positionnement. C'est du " story-telling ".

Bref, après tout ça, où est ce que je voulais en venir.

NE BRADE PAS TES ATELIERS ET OSE !!!

LA MEILLEURE MANIERE DE SE DIFFERENCIER, CE N'EST PAS LE PRIX.

Je ne vais pas revenir sur mon (1), mais au delà, brader tes ateliers signifie aussi:
- prendre le risque de suer pour " rien ": imagine un atelier à 15e pour 4h. Tu penses vraiment qu'un élève va se dire " bon pour le peu que j'ai payé, j'ai eu ce que je voulais " ? FAUX... Il va autant te demander autant d'energie que quelqu'un qui aura payé 90€ donc
tant qu'à faire... et en plus, comme l'investissement sera faible pour lui, il est susceptible de faiblement s'investir. Je t'assure que plus un élève paye, plus il écoute et mieux il veut faire.
- prendre le risque de passer pour du cheap: il y une différence nette de perception entre le pas cher (dans le sens tarif acceptable) et le " cheap ". Le cheap n'a pas une bonne image, clairement.
- sous estimer la valeur de ton travail: non mais oh !!! Il faut oser dire que ton travail vaut tant, et donc, tu le vends à tant.
Ne t'auto-dévalorise pas, soit ton meilleur avocat, car dans le pire des cas, d'autres se chargeront de te dévaloriser.