Après trois ans de silence studio, les californiens reviennent avec PERSON A. Principalement connu pour le titre « Home » qui correspond au courant indie-folk de ces dernières années, le groupe a malgré tout plus d’un tour dans sa poche ! Et si on creuse un peu plus leur discographie (3 albums entre 2009 et 2013), on découvre une diversité d’influences et des titres variés. Leur dernier album apporte encore une fois la preuve de leur richesse musicale.
L’album démarre avec « Hot Coals » un morceau de 7 minutes qui rappelle l’expérimental progressif/psychédélique de groupes des années 1960/70 comme Emerson, Lake and Palmer. Le groupe se laisse délirer, divaguer le temps d’un passage instrumental principalement habillé de synthé et de trompette, c’est un beau chaos ! Le titre suivant, « Uncomfortable », révèle encore une intro perturbante ; embarque ensuite une voix qui rappelle le jazz de Nina Simone, des bruits non identifiés habillent le morceau, qui se termine sur des cris assez terrifiants… Sacré expérimental ! On bascule ensuite dans le Flower Power avec « Somewhere » qui rappelle « Here comes the sun » des Beatles. On retrouve toutefois différents styles au sein même de la chanson, ce qui montre leur palette d’influences et leur capacité à s’adapter. « No love like yours » reste dans la même ambiance avec des chœurs qui rappellent les Mamas and Papas. On continue notre balade musicale avec le jazz de « Wake Up The Sun » : l’intro au piano rappelle « Take Five » de Dave Brubeck, et la voix torturée, écorchée nous happe. Encore un grand final psyché pour ce morceau : Edward Sharpe est en équilibre, sans jamais basculer dans la fausse note. « Free Stuff » nous ramène vers une folk un peu plus accessible et berçante, un son épuré par rapport aux autres chansons, ce qui permet d’apprécier la voix et la douceur du morceau. La structure est plus traditionnelle, avec un final qui leur ressemble tout de même ! Des rires, des cuivres, et un fondu qui nous amène vers « Let It Down », le seul morceau un peu sombre de l’album. Le titre reste tout de même sur la lignée folk, avec quelques pointes de jazz grâce au synthé et à la basse. Jazz qui s’affirme sur « Perfect time » et « Lullaby », qui font offices de berceuses, avec principalement un piano et une voix. « The Ballad of Yaya » revient à la folk sûre et efficace. Mais comme les autres morceaux, c’est une succession de plusieurs rythmes, transitions, la structure est encore une fois originale et intéressante, on y retrouve un peu de John Lennon à l’époque de ses disques en solo.
En général, on a l’impression que l’album glisse d’un son psychédélique chargé vers du jazz-folk épuré. PERSON A nécessite peut être plusieurs écoutes afin de découvrir toutes les subtilités présentes. Il se détache en cela de la folk-indie courante qu’il est peut être plus recherché et donc moins accessible lors de la première écoute. Il m’a moi même fallu l’écouter trois fois pour bien saisir sa richesse et sa profondeur, et j’imagine la complexité pour réaliser un album aussi travaillé avec autant de musiciens. Le groupe oscille entre différents genres, et il est bien difficile de le ranger dans une catégorie. Chapeau bas Edward Sharpe and the Magnetic Zeros !