Partager la publication "[Critique] LE CHASSEUR ET LA REINE DES GLACES"
Titre original : The Huntsman : Winter’s War
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Cedric Nicolas-Troyan
Distribution : Chris Hemsworth, Jessica Chastain, Emily Blunt, Charlize Theron, Nick Frost, Rob Brydon, Sheridan Smith, Alexandra Roach, Sope Dirisu…
Genre : Aventure/Fantastique/Spin-Off/Suite
Date de sortie : 20 avril 2016
Le Pitch :
Il y a bien longtemps, avant l’avènement de Blanche-Neige, la terrible Reine Ravenna dût assister à la trahison du bien-aimé de sa sœur cadette, la douce Freya. La tragédie qui en découla fit émerger chez cette dernière un terrifiant pouvoir, qui assombrit le cœur de celle qui devint à son tour reine d’un royaume de glace qu’elle créa avec l’aide de son armée de chasseurs. Une armée qui comptait dans ses rangs Eric et Sara, deux braves combattants, aussi amoureux l’un de l’autre qu’opposés aux méthodes de leur machiavélique souveraine. Freya qui décida d’ailleurs de séparer le couple, encourageant Eric à quitter le royaume pour rallier l’armée de Blanche-Neige, plusieurs années plus tard. Et c’est lorsque Ravenna tomba à la suite de son affrontement avec cette dernière, que les chemins de Freya et d’Eric furent amenés à se croiser à nouveau pour un combat légendaire…
La Critique :
Le Chasseur et la Reine des Glaces est à la fois une suite, un spin-off et un préquel de Blanche-Neige et le Chasseur. Rien que ça ! Dans un premier temps envisagé comme une simple suite, avec le retour devant la caméra de Kristen Stewart, sous la direction de Frank Darabont, le projet changea de visage à la suite du départ du réalisateur, qui entraîna celui de l’actrice. C’est pour cette raison que le film se concentre sur le Chasseur, en revenant sur ses origines, mais en racontant aussi la suite de ses aventures après sa victoire avec Blanche-Neige sur la reine Ravenna, jouée par Charlize Theron. Un peu compliqué ? À peine… Plutôt limpide même vu la démarche scénaristique assez maligne du long-métrage, qui arrive à relativement bien s’intégrer dans la dynamique du premier film, sans causer trop de heurts divers et variés. Ici, Blanche-Neige fait toujours partie du paysage, mais de loin. On en parle mais on ne la montre jamais. C’est le Chasseur qui la représente sur le nouveau terrain de bataille, face à Ravenna, mais aussi, comme le titre l’indique, à sa sœur, la Reine des Glaces…
Universal a tenté de reproduire le succès de Blanche-Neige et le Chasseur, qui qualitativement, s’était imposé comme une belle surprise, autant sur un plan visuel que narrativement parlant. Et en plus, le succès avait été relativement imposant. Pour faire oublier Kristen Stewart, tout en pouvant à nouveau compter sur Charlize Theron et Chris Hemsworth, tous les deux bien installés, la production a fait très fort, en recrutant Emily Blunt et Jessica Chastain. Ainsi, le casting du long-métrage apparaît prestigieux comme il se doit et encourage la confiance. Surtout si on considère que le film peut à nouveau compter sur Nick Frost dans le rôle de Nion, le nain, soit le seul de son équipe qui a rempilé. Tous les autres étant probablement restés aux côtés de Blanche-Neige.
Le Chasseur et la Reine des Glaces parvient comme souligné plus haut, à justifier son existence. Dans les grandes lignes du moins. Une petite impression de voir le métrage vouloir à tout prix raccrocher les wagons étant néanmoins présente, mais pas suffisamment pour gâcher la fête. En l’état, le spectacle se tient et fait même preuve d’une belle volonté de raviver les braises des divertissements heroïc-fantasy d’antan, Willow en tête.
Pour autant, les petites touches de modernité plombent malheureusement l’affaire. C’est triste, mais cette tendance à trop vouloir inscrire également le film dans une démarche plus moderne est particulièrement visible dans le personnage interprété par Jessica Chastain. Avec ses punchlines un peu à la ramasse, son double-jeu mal amené et ses chorégraphies guerrières datées, Sara, c’est son nom, tombe un peu comme un poil de troll sur la soupe. Parce qu’à côté, paradoxalement, le Chasseur de Chris Hemsworth assure toujours avec une énergie appréciable. Son charisme fait le job et son histoire, si elle ne risque pas de remporter le prix de l’originalité 2016, tient débout dans sa globalité. Idem pour les deux reines. Charlize Theron en particulier, qui n’a pas à vraiment forcer pour s’imposer face à une Emily Blunt plus portée sur des clichés poussiéreux. Peut-être est-ce parce qu’elle incarne la Reine des Glaces, mais sa performance apparaît un peu figée. Un peu de second degré n’aurait pas été de trop. Pas au point d’égaler le show d’Arnold Schwarzenegger dans Batman & Robin (où il jouait Mr Freeze, le glaçon friandise), mais quand même… En face, Charlize en fait des caisses et le fait bien. Et tant pis si sa faculté à se transformer en gigantesque statue plaquée or rappelle invariablement sa pub Dior, car au fond, l’actrice booste chacune de ses séquences. Mais bon… le duo que forment Emily Blunt et Charlize Theron, sorte de déclinaisons badass de Elsa et Anna de La Reine des Neiges, a de la gueule et c’est le principal quand on parle d’un blockbuster qui mine de rien, table avant tout sur l’aspect spectaculaire de son récit.
Visuellement parlant, étrangement, Le Chasseur et la Reine des Glaces fait moins bien que son prédécesseur, qui avait démontré d’une jolie inventivité dans ses magnifiques tableaux, aussi riches en détails qu’inspirés. Dans le cas présent, la redite est à l’ordre du jour. On retrouve plus ou moins les mêmes créatures et mis à part le royaume de glace, en somme toute attendu vu l’histoire, rien ne vient vraiment exploser au visage. Aux manettes, le réalisateur français Cedric Nicolas-Troyan, qui officiait au poste de superviseur des effets sur Blanche-Neige, s’appuie sur les créations sur lesquelles il avait bossé. Il mise sur la sécurité et ne prend pas trop de risques. Pour autant, sa mise en scène est lisible et parfois pleine de souffle. Sans trop en faire, il respecte un cahier des charges qui de toute façon, appelle à une certaine froideur. Espérons que la suite des événements lui permette de s’exprimer avec un peu plus de liberté car ici, au cœur de la forêt, alors que souffle le chaud et le froid, il livre quelque chose de propre mais d’assez impersonnel.
C’est d’ailleurs ce qui se dégage de cette suite. Tout est un peu trop lisse. Nous voici en face d’un conte de fée à l’ancienne, avec ses valeurs portées sur l’amour avec un grand A, le courage et l’amitié. Rien ne vient perturber un schéma pré-établi bien sécurisant. À l’écran, le spectacle est bien là, fédérateur au possible, mais les surprises sont rares, voire inexistantes. C’est beau mais pas trop non plus. Drôle et un peu sombre aussi, mais pas assez pour exclure les plus jeunes. Même l’aspect vintage n’est pas assez affirmé pour conférer une vraie personnalité à un long-métrage un peu trop tiède. Ce qui n’est pas si mal, si on considère l’aspect terriblement bancal qu’avait le projet à ses balbutiements.
@ Gilles Rolland