Le fructose est un sucre courant dans le régime alimentaire occidental, principalement présent dans les aliments sucrés avec du sirop de maïs à haute teneur en fructose, dans les boissons sucrées, les sirops, le miel et les desserts. On trouve également du fructose se retrouve aussi dans la plupart des aliments pour bébés et les fruits. Cependant dans les fruits, la fibre ralentit sensiblement l’absorption du sucre. De précédentes recherches de la même équipe avait déjà montré que le fructose perturbe la communication entre les neurones et augmente les niveaux de certaines molécules toxiques dans le cerveau et qu’un régime à haute teneur en fructose diminue à long terme la capacité du cerveau à apprendre et à mémoriser.
L’acide gras oméga-3 DHA (acide docosahexaénoïque) DHA se fabrique naturellement dans les membranes des cellules du cerveau, mais pas en quantité suffisante pour lutter contre certaines maladies. En fait, le cerveau et le corps ne produisent pas suffisamment de DHA, c’est pourquoi son apport alimentaire peut être bénéfique. Car le DHA renforce les synapses dans le cerveau et améliore l’apprentissage et la mémoire. Il est abondant dans le saumon sauvage, d’autres poissons, l’huile de poisson, les noix, les graines de lin, les fruits et légumes.
Pour tester les effets du fructose sur le cerveau, les chercheurs ont formé des rats au test du labyrinthe, puis répartis au hasard les animaux en 3 groupes. Durant les 6 semaines suivantes,
– un groupe de rats a bu de l’eau avec une concentration de fructose à peu près équivalente à la consommation d’1 litre de soda par jour chez l’Homme,
– le deuxième groupe a reçu de l’eau avec fructose + une alimentation riche en DHA.
– Le troisième a reçu de l’eau sans fructose et un régime sans DHA (groupe témoin).
A l’issue de ces 6 semaines, les rats ont été remis dans le labyrinthe.
· Le groupe fructose sans DHA met 2 fois plus de temps à sortir du labyrinthe vs le groupe témoin : le régime à base de fructose a altéré leur mémoire.
· Le groupe fructose + DHA fait un score semblable au groupe témoin : ce qui suggère fortement que le DHA a éliminé les effets nocifs du fructose.
ØD’autres tests montrent que les rats du groupe fructose ont une glycémie, des triglycérides et des niveaux d’insuline plus élevés que les deux autres groupes. Des résultats significatifs, car ils se traduiraient chez les humains par un risque accru d’obésité, de diabète et d’autres maladies.
900 gènes altérés par le fructose : L’équipe de recherche a ensuite séquencé plus de 20.000 gènes dans le cerveau des rats, et identifie plus de 700 gènes modifiés par le fructose dans l’hypothalamus, une zone impliquée dans le contrôle métabolique du cerveau, et plus de 200 gènes modifiés dans l’hippocampe, une zone impliquée dans l’apprentissage et la mémoire. Et tous ces gènes identifiés comme altérés chez la souris sont comparables à des gènes existant chez les humains, et connus pour réguler le métabolisme, la communication cellulaire et l’inflammation. Des modifications documentées comme associées à la maladie de Parkinson, à la dépression, au trouble bipolaire, et à d’autres maladies du cerveau…Sur ces 900 gènes identifiés, 2 en particulier, appelé Bgn et Fmod, semblent être parmi les premiers à être affectés par le fructose et une fois modifiés, ils peuvent déclencher un effet de cascade qui va en modifier des centaines d’autres. Bgn et Fmod apparaissent ici des cibles prometteuses pour de nouveaux médicaments pour traiter ces maladies associées à ces bouleversements génétiques.
Quel processus ? Le fructose supprime ou ajoute un groupe biochimique à la cytosine, l’un des quatre nucléotides qui composent l’ADN (avec l’adénine, la thymine et la guanine). Ce type de modification joue un rôle essentiel dans l’expression des gènes.
L’acide gras oméga-3 DHA inverse ces modifications nocives : et le DHA ne change pas seulement un ou 2 gènes, il inverse l’ensemble du » motif génétique » et régule le retour à la normale. Cependant, si le DHA semble être très bénéfique, ce n’est pas une solution miracle pour guérir les maladies. Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour déterminer l’étendue de sa capacité à inverser les dommages aux gènes humains. Bref, les auteurs confirment la recommandation d’éviter les excès de sucres, les boissons gazeuses sucrées, et de graisses saturées.
Source: eBioMedicine 21 April, 2016 DOI: 10.1016/j.ebiom.2016.04.008 Systems Nutrigenomics Reveals Brain Gene Networks Linking Metabolic and Brain Disorders