Koji Wakamatsu. Yûya Uchida. Pinku. Piscine sans eau / Mizu no nai puuru (1982).
Vous pensiez tout connaitre des perversions ? C’était sans compter avec la rencontre de ce monsieur Tout-le-monde.
Un poinçonneur de ticket menant une vie morne sauve une jeune femme des mains de violeurs. Suite à cet épisode, il se lie d’amitié avec elle et développe une perversité qu’il ne se connaissait pas…
Piscine sans eau, c’est l’histoire d’un homme déréglé. Du moins, celle d’un homme banal enfermé dans une routine étouffante qui le devient. Et assez surprenant, ce décalage qui va s’opérer se réalise après le sauvetage d’une jeune femme. Ce geste qu’on qualifiera de « héroïque » va plonger son faiseur dans le rôle d’un homme aux actions malveillantes. Son geste bienveillant donc ancre alors en lui des fantasmes puis la mise en application d’un fétichisme prononcé. Ce poinçonneur, devenu déviant développe un rituel singulier. Il traque ses proies, les femmes. Il les endort, les viole puis il joue l’homme d’intérieur. Les actions menées par cet individu sont des plus déconcertantes pour le spectateur qui se fait voyeur à son image. Témoin privilégié, nous assistons à ses déambulations nocturnes. Koji Wakamatsu prend réellement le spectateur à parti, évitant toute distanciation avec son sujet. Pourtant, il en dégage, dans la mise en scène une froideur peu commune qui va jusqu’à contaminer chaque recoin de cette histoire. Souvent troublant et dérangeant, nous suivons ce protagoniste mutique comme le récit. L’auteur use de peu de dialogue et la musique intervient de façon ponctuelle jusqu’à parfois oublier son utilisation.
Loin du racolage de bas étage que l’on pourrait trouver dans ce type de production, Koji Wakamatsu fait de Piscine sans eau le regard d’une société sclérosée, sans épanouissement où les individus, aux relations (si l’en est) superficielles vivent dans l’aliénation la plus complète. En somme, comme des poissons sans eau…
Quant à Yûya Uchida, c’est du 10/10 (comme à chaque fois).
I.D.