Maguy Marin premier naufrage de la programmation Millepied

Le spectacle s’intitule « Les applaudissements ne se mangent pas » et on se dit très vite qu’il aurait pu s’intituler autrement  comme «  Il fait froid ce soir à Madrid », « Vapote Pol Pot » ou «  En avril ne te découvre pas débile » sans perte . Vraiment . Sans aucune perte sémantique réelle.

Benjamin Millepied (pourtant jeuniste jusqu’aux selfies) fait ici un hommage au post-babaacoolisme conceptuel et collectif qui tarabusta nombre de créateurs des années soixante-dix . Parmi les traces et signatures de cette période réfrigérée, le communautarisme pluridisciplinaire oblige de l’époque : Maguy Marin, chorégraphe signe également les costumes. Eric Mariotte, le compositeur électro-acoustique concrètement toxique signe aussi les décors . Ce petit monde a tous les talents même si ledit décor se limite à ce genre de rideau de cuisine en franges plastiques multicolores qui enchantèrent les intérieurs marseillais d’après-guerre. De ces rideaux surgissent , en marche avant , en marche arrière, les danseurs. Parfois ils s’écroulent. Parfois ils s’arrêtent sur le seuil quand d’autres s’enfoncent dans le néant. « Les applaudissements ne se mangent pas » dure une petite heure mais on a l’impression de souffrir plus longtemps. On se demande ce qui a pu fasciner Millepied , programmateur de cette imparable illustration du néant. Les articles d’Art Presse de l’époque ? La prétention intellectuelle d’un prof de gym ?

Car la chorégraphie de Maguy Marin est froide comme un colin froid . Elle manque d’énergie, de sensualité et de nécessité . Elle n’a pas une once d’humour. Pire, de fantaisie. Calamiteux. Indigne de l’opéra de Paris . Triste. Même s’ils «  ne se mangent pas » rares furent les applaudissements » et sans doute vous resteront-ils sur l’estomac si d’aventure vous partagiez cette indigeste gestuelle.