Les pouvoirs de la musique sur le corps et l'esprit 2/4

Publié le 14 juin 2008 par Nathalie Chateau-Artaud
Comment les rythmes nous font vibrer

Pourquoi un accord harmonieux émeut-il autant ? Pourquoi un air nous rend gai et un autre triste ? Avant de devenir un divertissement, la musique a été au centre des premiers rituels humains : les instruments les plus anciens datent d'au moins 45 000 ans. Elle a scandé les cérémonies religieuses bien avant d'entraîner les militaires ou de rythmer nos fêtes. D'où tient-elle ce pouvoir ? Pour David Schwartz, son secret réside dans sa ressemblance avec la voix humaine. Ce chercheur de l'université de Duke, en Caroline du Nord, a analysé 6 300 voix parlées et décortiqué leurs fréquences. Puis il a fait écouter à des volontaires des accords musicaux de 2 notes. Conclusions : les accords jugés les plus enjoués étaient composés de combinaisons de notes proches de celles de la voix humaine. A l'inverse, les accords mineurs, qui inspirent souvent la tristesse, correspondent précisément à des sons moins "humains".
Cette analogie n'a rien d'étonnant car comme le précise Mireille Besson, directeur de recherche à l'Institut de neurosciences congnitives de la Méditerranée (Marseille), "les mêmes zones cérébrales traitent les mots parlés, le chant et les vocalises. Une nuance toutefois : les activations sont un peu plus fortes dans l'hémisphère gauche pour le langage, et un peu plus fortes dans l'hémisphère droit pour la musique. Les caractéristiques de fréquence (de l'aigu au grave) et de timbre (qui font l'identité d'une voix et la spécificité de instruments) sont plutôt traitées par les lobes frontal et temporal droit, alors que le ryhtme et le tempo sont plutôt pris en charge par l'hémisphère gauche." Cette particularité est à l'origine d'une oeuvre majeure : le Boléro de Ravel. Lorsqu'il l'a composé, le musicien souffrait d'une atteinte de l'hémisphère gauche. Ce qui explique pourquoi le Boléro déroule un rythme et un tempo sans variation. En revanche, Ravel a pu en enrichir les timbres.


Suivent deux chapitres que je ne retranscris volontairement pas ici :
- C'est prouvé : plus on entend un air, plus on l'apprécie
- Déjà au paléolithique les mélopées soudaient le groupe


Les talents cachés des musiciens

(...) Autres talent des musiciens : l'improvisation. Dans une étude publiée en février dernier, Charles Limb et Allen Braun, des National Institutes of Health, dans le Maryland, ont scruté les cerveau de jazzmen tandis qu'ils improvisaient, dans le tunnel de l'IRM, sur un piano spécialement créé. Résultat : leur cortex préfrontal dorso-latéral, zone associée à la planification des actions et à l'autocensure, marchait au ralenti. Quand il improvise, le musicien semble donc s'affranchir des contraintes.

La musique aide à apprendre les langues

Connaître la musique serait avantageux pour l'apprentissage des langues. "Si on fait écouter à un musicien francophone des phrases en portugais, raconte Mireille Besson, en rendant plus aigu ou plus grave le dernier mot de la phrase, il détecte les variations bien plus vite que le non-musicien. On l'observe dans l'activité électrique de son cerveau. Or percevoir ces variations de hauteur est important dans l'apprentissage d'une langue étrangère."
Autre expérience de Mireille Besson sur deux groupes d'enfants : "pendant six mois, un groupe faisait de la musique, l'autre de la peinture. Résultat : ceux qui avaient fait de la musique entendaient mieux les variations de hauteur dans la langue étrangère que les autres."