L’étude menée à l’Université de Californie, San Diego, sur plus de 8.000 participants répond à une demande de l’Agence américaine Food and Drug Administration (FDA) à la suite des préoccupations maintes fois évoquées et documentées sur la sécurité neuropsychiatrique de la varénicline et du bupropion. Les participants étaient âgés de 18-75, fumeurs à raison de plus de 10 cigarettes par jour en moyenne et motivés à arrêter (82% avaient fait au moins 1 tentative d’arrêt). La moitié des participants (n=4116) présentait un antécédent psychiatrique actuel ou passé, dont un trouble de l’humeur, l’anxiété, une psychose, un trouble de la personnalité et environ la moitié de ce groupe à antécédent prenait un traitement psychotrope. Les autres participants (n=4028) étaient exempts de tout antécédent psychiatrique. L’essai double randomisé mené en aveugle avait pour objectif de mesurer la sécurité et l’efficacité des 2 médicaments de sevrage tabagique, la varénicline et le bupropion, vs patch de nicotine et placebo. L’arrêt du tabac a été contrôlé en mesurant les niveaux de monoxyde de carbone exhalé (CO) à la fin du traitement (9-12 semaines), et au suivi (9-24 semaines).
· Chez les fumeurs sans trouble psychiatrique, l’analyse ne constate aucune augmentation significative d’incidence d’événements neuropsychiatriques indésirables dans les 4 groupes de traitement :
– Varenicline : 1,3%
– Bupropion : 2,2%
– Patch: 2,5%
– Placebo: 2,4%
· En revanche, le risque d’événements neuropsychiatriques indésirables est accru dans le groupe souffrant de troubles psychiatriques, mais avec des taux similaires dans les 4 groupes de traitement :
– Varénicline : 6,5%
– Bupropion : 6,7%
– Patch : 5,2%
– Placebo : 4,9%
· les fumeurs qui ont pris la varénicline présentent le taux d’abstinence le plus élevé, > au bupropion, aux patchs à la nicotine, ou au placebo. Dans l’ensemble, à 9-24 semaines, 21,8% des participants du groupe varenicline étaient abstinents (16,2% pour le bupropion; 15,7% pour le patch; 9,4% pour le placebo). Les fumeurs souffrant d’un trouble psychiatrique ont atteint des taux d’abstinence légèrement inférieurs aux fumeurs sans trouble psychiatrique.
Les résultats de cette étude, -ainsi que des données de précédentes études- soutiennent donc qu’il » est hautement improbable que la varénicline et le bupropion augmentent le risque d’effets secondaires neuropsychiatriques chez les fumeurs sans troubles psychiatriques « , concluent les auteurs. » Nous montrons aussi, pour la première fois, que l’efficacité des médicaments est similaire pour les fumeurs avec ou sans troubles psychiatriques. La petite augmentation de l’incidence des effets neuropsychiatriques indésirables chez les personnes souffrant de troubles psychiatriques doit être mis en balance avec les risques sanitaires importants connus du tabagisme « .
Source: The Lancet 22 April 2016 DOI: 10.1016/S0140-6736(16)30272-0 Neuropsychiatric safety and efficacy of varenicline, bupropion, and nicotine patch in smokers with and without psychiatric disorders (EAGLES): a double-blind, randomised, placebo-controlled clinical trial
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