[Critique] Robinson Crusoé

Par Régis Marton @LeBlurayphile

Un film de : Vincent Kesteloot, Ben Stassen

Avec les voix de : Matthias Schweighöfer, Kaya Yanar, Cindy aus Marzahn, Dieter Hallervorden, Aylin Tezel

Mardi, un jeune perroquet, vit sur une île paradisiaque avec d'autres animaux. Il rêve de quitter son île pour découvrir le reste du monde. Après une violente tempête, Mardi et ses amis font la découverte d'une étrange créature sur la plage : Robinson Crusoë. Les animaux de l'île vont devoir apprivoiser ce nouvel arrivant ! C'est pour Mardi l'occasion de vivre une extraordinaire aventure et peut-être de quitter son île !

Crache pas sur tes gosses

Les grands classiques ont la peau dure; en témoignent les sorties d'Au coeur de l'océan et autres Pan, venus hanter nos salles obscures au cours des deux dernières années. Aujourd'hui, c'est au tour du best-seller de Daniel Defoe de passer à la casserole des belges de nWave Productions, fiers papas du Voyage extraordinaire de Samy et du remarqué Fly me to the moon. Pour sa dernière production, le studio conserve sa marque de fabrique, et vise un public jeune. Très jeune. Trop jeune? Malgré son excellent doublage, et une animation qui, si elle reste loin des standards actuels de la production, n'est pas en reste, le scénario accumule les péripéties grand guignolesques, sans se soucier de cohérence, et cède régulièrement aux plus grossières facilités, apparemment convaincu qu'un gosse ne pouvait pas s'enticher d'une belle ligne de texte ou d'un peu de nouveauté. On doit se contenter d'onomatopées, de phrases coupées en tranches et de raccourcis foireux, gâchant une grande partie de l'excellent travail de doublage. La comparaison avec Pixar et Dreamworks, qui ont au moins le mérite de bien faire leur travail, est difficile. C'est à se demander ce que nWave pense de son public.

Le vent tourne

Entamé au début du siècle, l'assassinat du premier degré vit ses vieilles heures, et le choix d'une énième dérision sur le dos d'un conte auquel on ne croit plus trop laisse sceptique, et lassé, surtout. L'humour, soit, le vulgaire, moins. Même si, lorsqu'il revient à la charge, le premier degré ne fait pas toujours plaisir - Snyder, si tu m'entends -, il reste tout de même le principal vecteur des émotions fortes. Qui a encore peur de regarder un conte au fond des yeux? Beaucoup de monde, probablement. Aujourd'hui, le bilan n'est pas trop mal, et Miller et Spielberg accumulent les bons films. La descendance, qui prendra une toute autre forme, n'est pas en reste elle non plus, comme le montrent les Jeff Nichols, Duncan Jones, Rian Johnson, Gareth Edwards, David R. Mitchell et Damien Chazelle.

En attendant, on contemple les derniers souffle d'une ironie trouillarde, qu'on aime bien tout de même, quoique trop vue. Mais comme l'a dit Micheal Keaton, 25 ans en arrière: la roue tourne.

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