Rarement la Femme Fatale lâche ses fils et fourre directement sa patte dans la gaine : contact direct qui annihile la domination distinguée et fait de la Marionnettiste la complice, plutôt que la maîtresse de sa Chose.
La Femme au Pantin
Victor Mignot, 1904
A en croire la petite Tour Eiffel qui clipse le rideau, cette lithographie embarrassée doit vouloir représenter une Parisienne mettant en extension les membres supérieurs d’un vieux Beau. L’air furibard de la marionnette s’oppose à toute interprétation extatique. A moins qu’il ne faille comprendre que, justement, elle se plaint de ne pouvoir dresser que les bras.
La femme et le Pantin
Leymarie, Salon de 1911
Ici encore, l’artiste a du mal à maîtriser son sujet. A la Beauté absorbée dans la contemplation de son miroir tandis qu’on la pédicure, un Faune soumet un pantin rouge, bras dressés, qui doit bien représenter quelque chose. D’autant que les chaussures vides du premier plan, ainsi que l’urne qui passait par là, soulignent la disponibilité de la Dame.
Le Confident discret
H.Armengol, Fantasio, 1918
« A son Guignol silencieux,
N’en craignant pas les bavardages,
Elle peut, plaisir silencieux,
Conter tous ses marivaudages »
- Au premier degré, cette illustration gentillette a au moins le mérite d’assigner au pantin un rôle cohérent : celui du confident discret ;
- au second, on peut se demander si l’air désolé du Guignol et sa natte qui pendouille dans le dos, ne titillent pas le thème plus affriolant du spectateur muet, les bras levés symbolisant son impuissance à prendre part.
Les Eternels Pantins
Maurice Pépin, le Sourire, Février 1918
Où se confirme une nouvelle fois la valeur érectile des bras levés : la belle femme fait manifestement de l’effet à la marionnette mâle, tandis que sa femelle l’attend avec son gourdin. Les couleurs noir et rouge des pompons du chapeau et des chaussures reprennent celles du couple de créatures : accessoires parmi d’autres de l’Eternel Feminin.
Les deux amies et les marionnettes
Icart, 1921
Après avoir épuisé Pierrot, le Gendarme et Guignol (reconnaissable seulement à son chapeau noir), les deux amies s’en prennent à un Gnafron qui a tout du richard en goguette : il s’agit probablement d’un clin d’oeil d’Icart à Thomas Couture, puisque ces quatre types de victimes correspondent exactement à ceux de La Courtisane moderne (voir 1 Les pantins précurseurs) : la Poésie, le Courage, la Jeunesse et la Richesse.
Sous la Femme Fatale, la Femme-enfant. Et sous le Pantin, la poupée...
Affiche pour le Salon des Cent, Rassenfosse, 1896
Illustration pour La femme et le Pantin, Rassenfosse, 1898
Il suffit de comparer ces deux illustrations très ropsiennes pour comprendre comment le livre de Pierre Louÿs a pu cristalliser en un thème chimiquement pur ce qui était jusqu’alors le sujet de fluctuantes variations symbolistes.
A gauche, la Folie examine à la loupe une femme moderne, comme pour s’assurer que cette miniature d’elle-même est fidèle à l’original.
A droite sont mises à jour, dès cette toute première exposition , toutes les oppositions binaires du thème :
- femme géante contre homoncule,
- nudité contre habits de soirée,
- posture fière contre avachissement,
- chatte contre souris.
Les effets de lumière accentuent le suspense théâtral : la femme blanche à l’ombre noire va-t-elle laisser choir le pantin, du halo lumineux où elle l’exhibe vers l’obscurité du sol qu’il n’aurait pas dû quitter ?
La reine du Bal,
F.Bac, 1902
Wilhelm Schertel, date inconnue
Ces deux versions illustrent toute la richesse stylistique et métaphorique de la Belle Epoque : tandis que la femme-liane attire dans son cercle solaire, du bout de son éventail, son Admirateur minuscule, la Garçonne dépoitraillée se moque gentiment de son Adorateur.
Chasseresse
Ando, Fantasio, 1917
« Si la chasse du gibier est interdite, la chasse à l’homme est toujours ouverte ».
Plutôt culotté, en pleine guerre mondiale, de tirer au pigeon des barbons et des généraux : manière de dire que c’est tout ce qui reste à l’arrière ?
Marion Davies par Henri Clive, Ziegfeld Follies, 1917 Bessie Love,
Vargas,1919
Deux idoles de l’Epoque, chacune avec son pantin mâle : la blonde a choisi le noir, la brune préfère le blanc.
Carte postale, vers 1920, Chicago
Carte postale, vers 1920, Chicago
Même fille et même poupée : seuls changent le tissu de la robe et la hauteur du portage.
Carte postale, vers 1920
Barbebleuette, Profiteuse, Del Marle, 1920
Jouer avec leur poupée intéresse encore les grandes filles. Certaines n’en ont qu’un, d’autres en un plein placard (numérotés de un à six comme les femmes de Barbe-Bleue).
La Femme et le Pantin, Maurice Milliere, 1922, La Vie Parisienne« Et maman qui dit que je suis trop grande pour jouer à la poupée »
« Tu l’as bien dans le tiroir, cette fois ! »
L’expression est attestée dès 1867… http://www.languefrancaise.net/Bob/5147
Rivalité, Fabius Lorenzi, 1924
Koister, Les fétiches à la mode, Carte postale, 1929
Assises sur un fauteuil ou par terre, jouant à la mère-chien ou à la chatte, les filles font donner à leur pantin l’échelle de leurs longues jambes.
La Femme et le Pantin, Maurice Millière, 1929
La ménagerie de Line
Zaliouk, 1922
Cherchez le Pantin ou cherchez le Singe : la réponse est dans le cadre.
Ils sont faciles à manier (They’re Easy To Handle),
Pinup de Edward Runci,1953
Brigitte Bardot dans « La Femme et le Pantin »
Phtographie de Robert Doisneau, Paris, 1958
Qu’il ou elle soit de papier ou de chair , toujours la Femme domine ses pantins.
La Femme et le Masque est un thème ancien et très large, qui évoque la Comédie, le Mensonge, la Duplicité, la Comedia del Arte, la Fête Vénitienne etc…
Nous n’aborderons ici que le cas très particulier où le masque, par synecdoque, constitue le stade ultime du Pantin, décapité et réduit à sa face.
Le Masque Japonais
Kirchner, 1916
Le vieux masque tire la langue et le serpent semble tout prêt de quitter l’oriflamme pour la jambe de la petit femme : comme souvent chez Kirchner, le japonisme fait passer l’érotisme.
La marchande de masques
Rassenfosse, 1917, Collection privée
Remettant au goût du jour le vieux sujet de la marchande d’amours, Rassenfosse accroche au mur son assortiment : tous ces masque de porcelaine aux yeux clos sont ceux des hommes, jeunes ou vieux, beaux ou laids, qu’elle va désigner à l’acheteuse, du bout de sa baguette. Dissimulée sous le loup de velours, elle est, comme le Destin, impénétrable.
La marchande de masques, Etude
Privée de son loup, la marchande de hasard redevient une Liégeoise ordinaire…
Pour un bon aperçu de l’oeuvre de Rassenfosse : https://fr.pinterest.com/jeanjacqueswolf/armand-rassenfosse/
Choisissez, Mesdames !
Maurice Millière, 1930
Ici j’ai les portraits frappants
De ceux qui seront vos amants.
Même thème, en plus explicite et en moins classieux.
La femme et les pantins
Maurice Millière, 1918
Même thème : la cocotte admire sa dernière acquisition, qui lui sourit, tandis que les précédentes font la gueule.
Les masques de l’Amour
Hérouard, 1919
« Voyez-les mes amoureux
Mon coeur hésite entre les deux
La poésie et la finance :
entre les deux mon coeur balance ».
Même thème, réduit par la Garçonne à un choix binaire entre le Lunaire et le Lubrique.
La Belle et la Bête
Vargas, 1925
Ici, il ne reste plus que le dernier choix. Cinq ans avant King Kong, la Blonde n’a pas peur de faire enrager le Gorille.
G M T
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