Quatrième de couverture :
À l’été 1927, Maximilien Jelgersma débarque à Mons. Ce journaliste néerlandais prétend faire des reportages sur le Borinage, la reconstruction de l’après-guerre et la réalité sociale de la région montoise.
Sa motivation est toutefois plus personnelle : il recherche Georges, un de ses cousins disparu pendant la guerre. Au cours de son enquête, Max croise notamment le cinéaste Joris Ivens, en repérage pour son film Misère au Borinage, et Stefan Zweig, le célèbre écrivain autrichien. Il reçoit l’aide d’un sous-officier véreux, côtoie un drôle de psychiatre franc-maçon et la supérieure d’un couvent. Mais, surtout, il se lie d’amitié avec un homme paisible qui prétend avoir vu de ses propres yeux saint Georges voler au secours des Britanniques au plus fort de la bataille d’août 1914…
Qu’a réellement vu cet homme ce jour-là ? Et pourquoi y a-t-il tant de chevaux dans cette affaire ? Ils peuplent les cauchemars de Max, tirent le Car d’Or dans la Procession de la Trinité, sont les montures de saint Georges et des hommes du 2e régiment de Chasseurs à cheval ; ils forment les attelages des livreurs de bière… Peut-être sont-ils en fin de compte au cœur de l’énigme ?
Les traditions de Mons, la bataille de Mons des 23 et 24 août 1914, la légende des Anges de Mons… il n’en fallait pas plus pour me donner envie de découvrir ce premier roman, qui plus est publié par une maison dont j’apprécie le travail (et euh… bémol, j’ai repéré trois coquilles, je n’avais jamais vu ça chez Luce Wilquin).
Le contexte dans lequel Jean-Pol Hecq situe son roman est banal : bien des années après les faits, le narrateur/auteur prétend avoir retrouvé un cahier aux pages remplies d’une écriture serrée et des lettres dans une « cabane au fond du jardin » et il se fait un devoir de nous les restituer. Il s’agit donc d’un journal tenu par Maximilien Jelgersma lors d’un séjour à Mons à l’été 1927. Max recherche quelqu’un et on sent qu’il cache la véritable raison de cette enquête, il se fait passer pour un journaliste. Pour donner un peu de suspense (preuve s’il en était besoin que l’auteur a inventé toute son histoire), des rapports de police sont intercalés entre les pages du journal, qui demandent de surveiller les activités « d’éléments bolcheviques » dans la région montoise.
Au cours de ses recherches, Max rencontre des habitants du cru (et il ne comprend pas grand-chose au patois borain) mais aussi rien moins que l’écrivain Stefan Zweig, qui lui raconte notamment son amitié avec Emile Verhaeren, coupée nette par la guerre, et le cinéaste Joris Ivens (qui sera, bien après la deuxième guerre mondiale le mari de Marceline Loridan-Ivens, dont j’ai lu le bouleversant Et tu n’es pas revenu).
Max recherche donc un certain Georges, qui fut soldat dans l’armée belge et qui disparut lors de la bataille de Mons. J’ai craint que les rencontres et dialogues de Max ne soient que prétexte à raconter les traditions folkloriques de Mons (le Doudou, le combat de saint Georges contre le dragon, la montée du Car d’or sur la rampe de Sainte-Waudru) et cette fameuse légende de saint Georges apparaissant avec ses anges dans la nuit du 23 au 24 août 1914 pour permettre aux soldats britanniques encerclés par les Allemands de s’enfuir et de se regrouper au sud de la ville. Bien sûr, je connais déjà ces histoires et cela ne me dérange pas d’en apprendre quelques détails nouveaux, mais cela ne fait pas matière à un roman captivant.
Mais finalement, le dénouement de la quête de Max, un brin rocambolesque (je visualisais presque les scènes en format BD), et le dévoilement très touchant de l’identité réelle de Georges m’ont offert un petit pincement au coeur. Et j’ai trouvé l’explication psychanalytique de la légende des anges de Mons très intéressante (voire convaincante…)
Ce n’est pas le roman du siècle mais il m’a fait passer un bon moment et donné envie de me balader à Mons.
« Cette histoire est étrange. Il est fort possible que personne n’y accorde du crédit ou même que l’on m’accuse de supercherie ; j’en accepte le risque.
Après avoir longtemps gardé secret ce « dossier » constitué de bric et de broc, je me suis décidé à le dévoiler. Ce n’est ni de la littérature, ni une enquête policière. Tout au plus une échappée dans un défaut de la cuirasse du réel. Que celui qui lira les lignes qui suivent se forge sa propre opinion.
Cependant, pour commencer, je dois donner quelques explications sur la manière dont j’ai découvert cette affaire.
C’était il y a une vingtaine d’années, j’habitais alors un appartement situé dans le centre historique de Mons. » (Premières lignes)
Jean-Pol HECQ, Georges et les dragons, Editions Luce Wilquin, 2015
Billet spécialement programmé en la fête de saint Georges ce 23 avril
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