(anthologie permanente) Guillaume Condello

Par Florence Trocmé

Laurent Albarracin a publié une note de lecture consacrée au livre de Guillaume Condello, Alexandre, sur le site de Pierre Campion et a choisi ces extraits pour Poezibao
Les fleuves sacrés
   tout
à leur source
tout est renversé
sur terre si l’on veut être
bien équipé
il faut de la corde ou
une raison
   pour vivre
c’est de la corde attachée
   disait-il
les fleuves remontent
la justice    tout
est renversé
   à terre
des poissons comme au marché
étal
   brillant dans ses guenilles
qu’importe un maître
à vendre pour quoi
   une raison ou
   un fleuve ou
un maître pour vivre à terre
flairant la trace
   effacée d’un pays nul
homme n’y a mis les pieds
dans la boue des chiens
comme au marché trainant
seul ou en bandes
lâches
garrotés
ils respirent encore
au bout d’une corde
trainé
   publiquement
pour vivre là-bas il avait
une famille de chiens déjà
il avait falsifié les fleuves
tout
la monnaie
tout renversé
la justice   à terre
mon soleil
tout ce qui a pu survenir
en tes foyers
depuis cette route longue
pénible
   tu poursuis
cette route
ils sont une loi
vivante sans maîtres sales
bêtes bavant sur
cette route
tous    cherchent
une loi vivante
en tes foyers
partout une trace
où se trouve le
   soleil derrière
la prochaine colline en tes foyers
   une raison
soufflée sur
   la place
toutes choses
   à vendre
un sage comme
un chien   devant
le soleil enlève toi de là
mon soleil
tu cherches
flairant face contre terre tout
sera
renversé enterré face contre terre
va
avec les chiens
errants
cette longue route ils sont
   une loi
vivante contre terre
pour moi
si je n’étais pas
ici
ou ailleurs qu’importe
   au maître
tous au marché viendront
tous seront
à vendre    venus
de tous les coins
de terre   venus
pour moi
je voudrais être
sur l’étal brillant comme tous
regardent
   poissons
   le maître
regarde depuis là-haut la colline une
cabane pourrie pour
   chiens méchants
vaincront la justice au bout
   d’une corde et
renversé
   une raison pour
vivre à terre
Guillaume Condello, Alexandre, Dernier Télégramme, 2016, 189 pages, pages 63 à 67, 15 €.
choix de Laurent Albarracin – lire cette note au sujet de ce livre