Hubble nous dépeint une magnifique bulle cosmique pour ses 26 ans

Publié le 22 avril 2016 par Pyxmalion @pyxmalion

Pour le 26e anniversaire de son lancement, le vénérable Hubble a tiré le portrait de la nébuleuse Bubble, situé à plus de 7.000 années-lumière. Cette fois, nous la découvrons toute entière avec d’impressionnants détails.

C’est presque devenu une tradition : chaque année, pour marquer l’anniversaire du célèbre télescope spatial Hubble, l’Esa et la Nasa consacrent une petite fraction de son précieux temps d’observation à réaliser le portrait d’un objet céleste iconique dûment sélectionné. Pour fêter ses 26 ans en orbite, le 24 avril, c’est une grande bulle de gaz colorée qui nous est offerte. Elle peut évoquer une bulle de savon, mais elle n’est pas tout à fait de même nature et est encore loin d’éclater…

Découverte en 1787 par William Herschel, l’objet surnommé la « nébuleuse de la Bulle » (Bubble nebula), de son vrai nom NGC 7635, est en réalité un vaste nuage en expansion d’environ 7 à 10 années-lumière de large – plus d’une fois et demie la distance qui nous sépare de Proxima du Centaure – situé à 7.100 années-lumière de la Terre, au sein de la constellation de Cassiopée. C’est un des rares à avoir été imagé par différents instruments qu’a connu Hubble tout au long de sa carrière : une première fois en septembre 1992 avec la caméra planétaire à large champ (WFPC pour Wide Field Planetary Camera), la seconde en avril 1999 avec la WFPC2 et enfin, en février 2016 (publiée le 21 avril), avec la WFC3. Cette fois, au contraire des précédentes, la Bulle qui est donc très étendue, peut être appréhendé dans son ensemble (l’image réunit quatre vues indépendantes).

La nébuleuse de la Bulle (Bubble nebula) dépeinte par Hubble pour ses 26 ans en orbite. Curieusement, l’étoile très chaude et massive à l’origine de cette coquille ne figure est excentrée — Crédit : NASA, ESA, Hubble Heritage Team

Une étoile massive au cœur de cette tempête

Même si, de prime abord, cette bulle bleutée peut donner l’illusion d’être une nébuleuse planétaire, caractérisée par une étoile mourante, de type soleil, qui expulse ses couches externes, elle est en réalité créée par les vents d’une étoile infernale née dans un nuage moléculaire il y a à peine 4 millions d’années. BD +60 °2522, ou encore SAO 20575 est une étoile de type Wolf-Rayet, 45 fois plus massive que le Soleil (selon la Nasa et entre 10 et 20 fois selon l’Esa). Dans relativement peu de temps (à l’échelle cosmique), 10 à 20 millions d’années, elle achèvera son existence en supernova. Très chaud et donc très brillant, l’astre a d’ores et déjà perdu de grandes quantités d’hydrogène, échappé sous forme de vent stellaire très véloce, et a vraisemblablement commencé à fusionner l’hélium.

À l’image d’un chasse-neige, le flot de gaz ininterrompu qui progresse actuellement à plus de 100.000 km par heure, pousse et accumule sur son front la matière environnante, plus froide, laquelle s’efforce de le freiner. Étrangement l’étoile responsable de ce déluge n’est pas visible au centre de la coquille, mais excentrée. Il est possible que cela soit dû aux différentes densités des nuages, mais les causes sont toujours en discussion. À l’extérieur et à travers la Bulle translucide, on peut observer de remarquables structures de gaz et de poussières – ils sont comparables aux fameux « piliers de la création » que l’on pourrait voir aussi comme des « piliers de la destruction » – qui tentent de résister à l’assaut des rayons ultraviolets. Enfin, signalons que tout près de l’étoile ardente, on distingue des « nœuds cométaires » qu’elle irradie, des paquets de poussière de forme allongée aussi grand que notre Système solaire (la masse équivaut à celle de la Terre).

Dans ce nouveau tableau d’Hubble, l’oxygène est suffisamment chauffé pour émettre de la lumière bleue. Dans les régions plus froides qui entourent la coquille, l’hydrogène et l’azote apparaissent dans les tons jaunes, vert et rouge.

Il n’est qu’à voir ces dernières observations des confins de l’univers et ce paysage cosmique de notre Galaxie qu’il a dépeint pour être convaincu que le télescope spatial a encore de beaux jours devant lui.