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Journal d'Anne Frank – L'annexe : Notes de Journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944

Publié le 21 avril 2016 par 7bd @7BD
Couverture du journal d'anne Frank adapté par Oznam et Nadji chez Soleil Titre : Journal d'Anne Frank – L'annexe : Notes de Journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944 Auteur : Ozanam (scénario) Nadji (dessin et couleur) Editeur : Soleil Année : 2016 Page : 144


Résumé : Anne Frank se voit offrir un cahier pour l'anniversaire de ses treize ans. Sa famille habite en Hollande, mais nous sommes en 1942 et le monstre brun étale ses tentacules partout en Europe. Devant la menace nazie qui se rapproche de plus en plus, la famille Frank est obligée de fuir et de se cacher. Ils trouveront refuge dans « l'annexe », une partie inoccupée des locaux où travaillait le père d'Anne. Ils seront rapidement rejoints par une autre famille. Anne va grandir dans cet univers clos, où les gens se marchent rapidement sur les pieds. Un mois, six mois, un an, deux ans... Pour tenir le coup, elle relate sa vie, ses pensées, ses espoirs, ses colères dans ce cahier reçu pour son dernier anniversaire à l'extérieur, un confident silencieux qu'elle a baptisé Kitty. Mon avis : Nadji donne un style visuel particulier à l'univers de Anne Frank. Des dessins simples, même simplifiés, ébauchés, esquissés, donnant un ton graphique enfantin à cette histoire. Le tout renforcé par le choix de couleurs rappelant parfois plus des crayonnés. Ces couleurs sombres renforcent l'ambiance particulière de ce récit. Une composition éclatée, des cadrages souvent larges dans un lieu clos. A mes yeux, ces choix se révèlent particulièrement judicieux par rapport au sujet évoqué, l'enfance d'Anne Frank. Et ce sujet, c'est le coeur de cet album. Extrait du Jurnal d'Anne Frank adapté par Ozanam et Nadji chez Soleil Le petit texte faisant office de préface d'Antoine Ozanam, le scénariste de la BD, explique son but en réalisant cette adaptation. Je peux lui dire qu'il est atteint. De loin. Il m'est difficile de vous parler de cette BD tant l'histoire en est rude, tant les émotions vous envahissent à la lecture. Il est aussi curieux que dans cette incroyable et tragique odyssée statique, l'horreur de l'Histoire et de la chasse aux juifs orchestrée par les nazis se mélange avec les joies, les peines et les attentes de l'adolescence. Comme si la tension de cette situation de confinement, l'angoisse que tout s'arrête d'un coup, ne pouvait enrayer le flot de vie et les questionnements d'une jeune fille de treize ans. Adolescente, Anne Frank, certes mais aussi bien trop adulte. Car certaines de ses réflexions montrent bien la maturité forcée qu'a entraîné cette situation.
On ne peut refaire l'Histoire et pourtant, j'ai tenté au fur et à mesure des pages de me forcer à croire que Anne allait revoir le jour, que tout cela allait peut-être, non, sûrement, bien se finir. Mais l'Histoire n'est pas tendre avec les gens qui espèrent et la chute tombe comme un coup de poing au ventre, brisant tout, dans une émotion renforcée par le choix narratif et graphique des deux dernières pages. Cette notion de tragique viendra à coup sûr pour ceux qui connaissent la fin de l'histoire. Ceux qui l'ignorent la prendront comme une surprise choquante. Il faut dire que la dernière page de la BD porte en son vide toute la violence de la conclusion. Ozanam profite aussi d'un petit dossier en conclusion du récit pour nous présenter ce qu'il et advenu des protagonistes de l'histoire, une fois sortis de "l'Annexe". Et Dieu que les événements ont été injustes. Il nous raconte aussi comment Kitty, le journal d'Anne, s'est retrouvé publié et ce qui en a découlé. Il m'est (très) difficile de comprendre, à la lecture de ce récit, de ses conclusions, de ses conséquences, de comprendre encore comment l'homme peut basculer aujourd'hui dans la haine raciale pure, dans la chasse à l'autre homme, pour une différence visible ou invisible. Il est difficile devant le destin d'Anne Frank de ne pas basculer dans la colère et de ne pas prôner la bonne vieille corde de chanvre à tous ceux qui osent encore défendre ou prôner la haine. Mais je me rappelle aussi qu'au long de ces 144 pages de BD, Anne n'écrit jamais un mot de haine, de vengeance à l'égard de ceux qui sont responsables de sa situation. Elle tente juste de vivre au jour le jour, d'espérer un avenir meilleur "quand on sortira". Alors on se dit qu'il est une autre solution que la colère, quelque part, à trouver. Et je réalise soudain que, comme Anne, nous sommes enfermés dans une annexe, une immense annexe où nous devons côtoyer des gens insupportables, où nous ne voyons plus le jour, une annexe qui s'appelle la Terre. Mais si Anne se rappelait que derrière les rideaux, le soleil brillait, je me dis qu'on a tendance à oublier même qu'il y a un rideau qu'il faut écarter pour voir le jour. On prend malheureusement parfois ce rideau pour un pan de ciel gris. C'est à nous de briser notre annexe, d'en forcer les murs, de l'ouvrir vers un meilleur ailleurs. C'est à nous de refuser la haine et la colère, de tenir la position d'un monde de paix et d'amour, c'est à nous de brandir l'utopie, et de la planter pour qu'elle pousse et devienne réalité. C'est à nous qu'incombe de porter le message d'Anne Frank et de créer un monde meilleur pour que toutes les petites adolescentes du monde entier puisse voir leurs rêves d'enfant se réaliser. Alors allez lire "Journal d'Anne Frank" de Ozanam et Nadji. Et puis allez lire aussi le livre ! Et si vous parlez Néerlandais, penchez-vous sur la première version du journal dans sa langue originale, diffusé gratuitement pour l'instant sur son site par Olivier Ertzscheld, pour qui l’œuvre est tombé dans le domaine public. Décision qui soulève un débat dont voici quelques éléments...

A mes yeux de naïfs sur le sujet, la version originale non retouchée du journal d'Anne dans sa langue d'adoption me paraît bien tombée dans le domaine public. Ce qui n'est pas le cas de la version retouchée par le père d'Anne car celui-ci a vécu bien plus longtemps que sa fille. Alors laissons l’œuvre première au domaine public et l’œuvre retouchée aux ayants-droits ! Et tout le monde pourra y trouver son compte. Zéda chante une jolie chanson que Louis Chédid a écrite en pensant à Anne Frank. Journal d'Anne Frank – L'annexe : Notes de Journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944 David  Inscrivez vous à notre newsletter :

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