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Crise ou Burn-out ?

Publié le 21 avril 2016 par Colinebaptista26 @colineseraconte
Crise ou Burn-out ?

Je tenais à aborder ce thème parce qu'il me préoccupe particulièrement ces temps-ci, pour le voir de près dans mon travail et parfois le ressentir personnellement.

C'est pourtant assez dangereux car c'est le thème du moment dans les DRH des grandes entreprises. Avant, on parlait de surmenage et personne ne s'en préoccupait vraiment car cela restait du domaine personnel. Depuis quelques années, on parle de burn-out et on accuse souvent les entreprises de le provoquer, faisant passer une maladie individuelle au stade d'accident de travail.

Il y a quelques semaines de cela, un de nos collaborateurs a craqué. Complètement. Il a fondu en larmes dans nos bureaux, devant nous, comme un enfant. Une vraie crise de larmes, dérangeante venant d'un homme (oui, moi, cela me choque toujours de voir un homme pleurer en dehors d'un événement personnel triste) et notamment d'un " boss ", et déstabilisante surtout tant elle était forte et imprévue. Quelques jours après, nous étions obligés de lui demander de se reposer VRAIMENT en lui offrant un mois de congés pendant lequel il ne devait avoir aucun contact avec l'entreprise ou ses équipes. Il devait se reposer et se laver la tête de tout ce stress.

Cet événement m'a bouleversée, profondément.

Comment pouvait-on en arriver là ? A presque 40 ans ? Dans le cadre de son boulot .... Pour expliquer le contexte, sachez juste qu'il avait passablement échoué à gérer une situation qu'il s'était personnellement engagé à rétablir, son ambition étant immense. Mais parfois, croyez-moi, il faut savoir reconnaître ses limites et ne pas vouloir trop grand, tout de suite, surtout si son contexte de vie personnel n'est pas des plus favorables (ce qui est son cas puisqu'il connaît des problèmes de couple). Malheureusement, beaucoup de personnes, hommes ou femmes, se laissent déborder par leur ambition et se font ensuite dévorer tout cru. C'est un peu ce qu'il s'est passé avec ce manager. Il a accepté d'endosser un rôle trop grand pour lui. Et cela l'a bouffé de l'intérieur. Il n'a pas su gérer le niveau de pression ni n'a pris de distance par rapport à la situation. Il a tout pris pour lui personnellement au lieu de le replacer dans son contexte, celui du travail et d'une situation. Son égo a pris le dessus et lui a fait perdre la raison. C'est l'effet cocotte minute. Lui a explosé en larmes, dans une crise de nerfs incontrôlable. D'autres en perdent le sommeil et se retrouvent ensuite dans un tel état de fatigue qu'ils doivent s'arrêter de travailler et presque de vivre pour tenter de retrouver un état normal. Cela est arrivé à l'un de nos associés, il y a quatre ans, et on a vraiment cru qu'il ne s'en sortirait pas. Là encore, nous n'avions rien remarqué. Petit à petit, il s'était laissé totalement envahir par son travail, à tel point qu'il ne dormait presque plus. Résultat, plusieurs mois d'arrêt dont un entier passé à dormir ou presque.

J'en suis venue à me poser des questions sur mes propres " crises ", mes arrêts brutaux lors d'un simple rhume qui se transforme alors en forte fièvre et me cloue au lit pendant deux jours, à ne faire que dormir. Je suis incapable de faire autre chose lors de ces crises. La dernière en date est survenue quelques jours après cette scène dans mon bureau, ce manager en larmes. Mon corps lâche, comme s'il n'en pouvait plus de se lever à 5h30, courir toute la journée, faire des kilomètres en voiture, en train, en avion, gérer les égos des uns et des autres, répondre à des emails dès 7h le matin et parfois à 22h le soir, tenter d'être présente avec mes enfants et disponible pour mon mari.

Je sais bien que beaucoup de personnes ont le même rythme, voire même pire, avec en plus un boulot moins intéressant et libre. Mais voilà, j'ai parfois envie d'appuyer sur le bouton " stop " ou " pause " tant ce rythme effréné peut être épuisant. Alors, inconsciemment, je somatise et quand la cocotte minute déborde, je fais une forte poussée de fièvre et mes forces m'abandonnent, totalement. J'en suis reléguée à dépendre totalement des miens étant dans l'incapacité de faire quoi que ce soit. D'ailleurs, durant ces crises, je ne suis que fatigue.

Même réflexion alors que pour mon collègue décrit ci-dessus. Comment en suis-je arrivée là ? A plus de 40 ans ? Dans le cadre de ma vie pourtant si heureuse ...

Pour le moment, la situation n'est pas désespérée. Je sais gérer ces crises, je les sens presque venir. Elles me permettent ensuite de repartir du bon pied. Toutefois, je commence à ressentir des prémisses de crises d'angoisse lorsque je monte dans un avion ou un métro. Cela ne dure que quelques secondes mais ayant déjà connu ce phénomène étant jeune, j'en connais les symptômes. Passer sous le tunnel de la Manche pour aller à Londres en Eurostar m'a été difficile. C'était il y a deux ans. Depuis, entre la crise de nerf lors d'une IRM et l'angoisse lors de l'attente au sol pour un vol retardé en partance d'Atlanta, je commence à croire que je deviens claustrophobe.

Parfois, comme lors de mes dernières vacances, je me mets à rêver d'une vie à la campagne ou au bord de l'eau (je trouve que le bruit d'un ruisseau ou d'une fontaine est apaisant), une " slow life " comme on dit, une vie plus simple, sans avion ni train à prendre, sans avoir peur d'être sans cesse en retard pour cause d'embouteillage, sans égo à gérer, sans lutte de pouvoir à contrecarrer, sans ... Mais est-ce vraiment cela la solution ? Je ne pense pas. Ce dont je suis par contre certaine est que la situation actuelle, celle imposée par mon travail et mon poste, devra changer sous peu car elle ne m'intéresse plus. Vous n'imaginez pas comme les récents inconvénients d'accès à l'aéroport de Zaventem me compliquent la vie (et celle de tant d'autres voyageurs d'ailleurs ... ceux qui le font pour leur travail) ... Et en même temps, heureuse coïncidence, ils me la simplifient car je ne vais plus voyager par avion avant plusieurs mois. C'est déjà une première réponse.

Le billet est un peu long et pas très gai, désolée ... N'hésitez pas à me parler de vous, si vous connaissez ou avez connu cet état. Besos from Belgium.

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