Vitrine d’une boutique Pylones à Paris ©maxppp
La légende veut que Steve Jobs ait bricolé le premier "Macintosh" dans un garage de banlieue américaine... L'histoire de Pylones a commencé de la même façon, à Suresnes dans les Hauts-de-Seine. Depuis Jacques Guillemet, patron fondateur de la marque aux objets multicolores n'a jamais quitté la région.Tout est parti d'une frustration… En 1985, l’homme est brocanteur, en contact permanent avec des objets. Avec sa compagne, ils avaient du mal à trouver des cadeaux à offir, "nous n'étions jamais satisfaits". Ce qui existait en matière de design était trop élitiste, trop cher aussi. Le couple cherchait des objets beaux, colorés, "sympas et accessibles, avec une explosion de couleurs. Frustrés nous les avons créés". Avec son épouse, il commence à fabriquer des bracelets en latex dans la cave de son pavillon, sur les pentes du Mont-Valérien. L'après-midi, ils cherchent des boutiques susceptibles de les commercialiser. Le succès des bijoux aux formes bizarroïdes est immédiat. "En 1989, Pylones s’est offert un premier contact client avec l’ouverture d’une boutique sur l’Ile Saint-Louis à Paris, raconte l’entrepreneur. C’est à cette même période que nous avons découvert la capacité de fabrication chinoise. Pourquoi ? A l’époque nous étions plein de bonne volonté et surtout bourrés d’idées, mais il était très difficile de les appliquer en France. Pour des raisons diverses, techniques, nous n’arrivions pas à avancer. La Chine, elle, a suivi nos envies avec facilité, délirant même sur nos projets futurs d’objets. Tout est devenu possible. Le monde de la créativité des objets s’est donc ouvert à nous. Les années 1990 ont été une période faste. Pylones a rencontré un énorme succès, trop de succès même puisque nous avions du mal à suivre le développement, au regard des capacités de production insuffisante !" Des bracelets, les deux créateurs passent donc aux bretelles, aux objets de cuisine, aux lampes, aux miroirs... Le latex cède la place à la résine, puis au verre. Pylones s'installe à Nanterre (Hauts-de-Seine) dans une ancienne usine de près de 1 000 m 2 qui fabriquait des pistons pour l'armée, avenue Georges-Clemenceau. Une cinquantaine de personnes y travaillaient. L’année 2000 annonce un nouveau déménagement, à Colombes cette fois. Pylones y sauve Hefyglas, fabricant de verre au bord de la faillite. Jacques Guillemet embauche ses deux salariés. RelocalisationMais la formule chinoise ne fonctionne pas pour tout. Il y a cinq ans, Pylones a relocalisé une partie de ses activités. "On a essayé de faire fabriquer quelques produits, en particulier des bagues en verre, en Europe de l'Est et en Chine. La qualité n'y était plus et il y avait beaucoup de copies, mauvaises et très fragiles. Ici, à Colombes, nous avons un savoir-faire et une qualité sans failles". Aujourd'hui, le fer de lance de la production est l’atelier de bijoux. "Pylones à la liberté d’aller sur tous les supports. Aujourd’hui, on crée des foulards, des accessoires de cuisines, des bijoux… on peut faire un peu près tout ce que nous avons envie."
Présente dans plus de 25 pays (150 boutiques dans le monde entier) Pylones, marque nomade, a su séduire dès sa création bien au-delà des frontières hexagonales : "Nous avons été très vite approchés par des clients internationaux", relève son fondateur. Des consommateurs aimantés par l'allure des produits : "Nous travaillons avec une douzaine de designers très actifs à l’extérieur, puis trois français, en interne au sein du Pylones Studio". Un filon du "design in France" qu’il n’hésite pas à exploiter dans le cadre de la communication internationale de son entreprise : "Notre baseline, inscrite sous le logo Pylones est 'créateur d’objets à Paris'". Un succès à la française qui n’en finit plus de s’exporter : Jacques Guillemet a ouvert au mois de septembre dernier une boutique à Dubaï, une autre à Riyad. FG