Titre : L’homme qui tua Lucky Luke
Scénariste : Matthieu Bonhomme
Dessinateur : Matthieu Bonhomme
Parution : Avril 2016
Encore aujourd’hui, les vieux héros de BD sont ceux qui vendent le plus de livres. Spirou, Astérix ou Blake et Mortimer continuent d’envahir les rayons, avec des ouvrages de plus ou moins bonne qualité. Même chose pour Lucky Luke, dont les reprises ratées n’empêchent pas les ventes. Malgré tout, les éditeurs préparent l’avenir, cherchant de nouveaux lecteurs, en produisant des reprises moins fidèles à l’original. Après les Spirou et, plus récemment Mickey, voilà que le célèbre cowboy solitaire y a droit également pour ses 70 ans. Le premier ouvrage est réalisé par Matthieu Bonhomme, habitué au western après son « Texas cowboys ».
Un carcan trop confiné.
L’auteur construit son histoire sur l’idée qu’on a tué Lucky Luke. On retourne alors en arrière afin de voir comment il en est arrivé là. Ce pitch permet de mettre une tension immédiate à l’ouvrage. Car, sinon, on est en terrain connu : une diligence a été dévalisée et les habitants demandent de l’aide au cowboy. Seulement, une famille gère la loi dans la ville et n’apprécie que peu l’aide de Luke…
Comment moderniser Lucky Luke ? Matthieu Bonhomme joue avant tout sur l’ambiance plus mélancolique portée par ses dessins. L’humour reste en arrière-plan (bien que présent), si bien que le scénario est moins riche que la série originelle. En cela, on est tout à fait moderne : moins d’action réelle, moins de cases par planche, plus de cases muettes… Cela donne un côté cinématographique pas désagréable.
Hélas, au niveau de l’histoire en tant que telle, tout cela reste bien sage. Les personnages manquent globalement de charisme et l’aventure n’est pas bien originale. Il y a bien un twist final pour donner un peu de saveur à l’ensemble, mais il est insuffisant. Car avec un titre pareil et une tension créée finalement artificiellement, Matthieu Bonhomme maquille un scénario peu intéressant manquant de personnages forts. Seul son Lucky Luke, indolent, est parfaitement réussi.
C’est au niveau du dessin que le lecteur trouvera son bonheur. Matthieu Bonhomme produit des planches splendides, confirmant ses talents de dessinateur. Le découpage est travaillé, moderne et il inclut une forte tension par son trait. L’encrage est tout aussi splendide et la colorisation, fidèle à Morris, convient parfaitement à son style. Pour cela, l’album vaut le coup d’œil.
Lorsque l’on cherche à moderniser un mythe, on se retrouve dans un carcan. Si le « Lucky Luke » de Bonhomme est différent de celui de Morris, il reste quand même bloqué dans un univers protégé : pas de mort, pas de sang, pas de violence physique… En terme de western modernisé, on se tournera plutôt vers « Texas cowboys », « Bouncer », « Gus » ou encore « Undertaker » pour trouver des univers graphiques originaux, portés par des graphismes puissants. Ici, malgré les efforts de Matthieu Bonhomme, on se sent confiné.