La Fondation Gianadda, à Martigny, en Suisse, accueille jusqu’au 12 juin une belle exposition du peintre d’origine chinoise (né en 1920, naturalisé français en 1964, mort en 2013) Zao Wou-Ki. Tous les jours, 10-18h.
Une petite envolée hors de la Bourgogne pour voir Zao Wou-Ki à Martigny (Suisse)….ça vaut le coup!
L’expo est à peu près chronologique, et, donc, les premières peintures montrées sont figuratives, influencées par Cézanne ou Klee. Mais très vite on passe à la période abstraite et c’est magnifique.
De nombreux polyptyques très grand format sont particulièrement impressionnants. De près ou de loin, il faut s’attarder devant. Y entrer peu à peu. Des chemins de lumières et des zones d’ombre nous font cheminer vers un horizon attirant mais qui semble inaccessible. Des masses brassées, des failles, des balayages, des batailles de lignes, des giclures, des coulures, des empâtements, de douces transparences….. On voit tout cela. Et on ne peut s’empêcher de faire allusion à des paysages (de l’eau, des rochers, des feuillages, des herbes…). Pourtant, c’est évident que Zao Wou-Ki ne peint que l’invisible. L’inexprimable (autrement que par la peinture). Oui, des paysages intérieurs.
Dans ces toiles, il se passe toujours quelque chose. Beaucoup de choses! Des agitations s’enchaînent avec des périodes de sérénité. La couleur est reine pour exprimer des bouillonnements ou des repos.
Mais, en même temps, l’artiste construit ses toiles. Le geste, souvent puissant et énergique, ne jette pas la peinture n’importe où et n’importe comment! Le visiteur le plus inhabitué à l’art en est conscient. Quelle différence avec certaines abstractions que les auteurs osent exposer sous prétexte qu’ils ont couvert la toile de taches, de traits ou d’aplats…! Ici, les forces sont dirigées, volontairement opposées , maîtrisées. Les tensions sont coordonnées. C’est de la musique. Sans fausses notes.
Le lieu, Fondation Gianadda, avec son grand espace, son volume et ses perspectives, se prête admirablement à ces oeuvres monumentales.
Une partie de l’exposition est aussi consacrée aux encres. Et là, c’est le noir et blanc. C’est le silence. C’est l’intimité. C’est la pureté. La calligraphie chinoise adaptée à l’Occident.
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